19 avril 2010

Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec (Luc Besson)

L'humour douteux de monsieur Besson

Pour une fois, notre bien-aimé F.M. de A nous Lutèce avait presque mis le doigt dessus. Presque. Il faut dire que c'était vraiment trop énorme, trop lourd, pour que le plus myope des spectateurs le rate : Luc Besson a le sens de l'humour. C'est même un sacré petit rigolo. Cette petitesse, monsieur F.M. la pointait avec une indulgence euphémistique que l'on voudra croire involontaire, en désignant Adèle comme "un imbroglio rigolo adapté des BD de Tardi et mis en scène par Luc Besson avec un humour un peu lourd si on a passé les 10 ans et demi [je dirais 6, mais j'évite autant que possible la fréquentation des enfants], mais avec aussi un talent indéniable pour le spectacle." Et nous n'en voulions pas plus, monsieur F.M., croyez-nous ! Vous savez, avec un Ptérodactyle en images de synthèse, on était déjà plus que contents.

Mais Luc Besson s'est bien fichu de nous.

Merde alors

Si vous allez voir le site officiel, fort sympathique au demeurant, vous ne manquerez pas de constater avec quelle apparente ferveur le film revendique ses lointaines racines : mise en parallèle des photos d'acteurs et des vignettes correspondantes, extraits de BD, biographie de Tardi... De fait, à l'instar du tristement célèbre James Huth, monsieur Besson a pris un soin louable à reproduire sur des faciès d'acteurs vivants le trait incisif du dessinateur, à grands renforts de prothèses auriculaires et autres nez en plastique mou. A l'instar de James Huth, il pensait s'en tirer à bon compte : voilà pour la source, maintenant on va pouvoir s'amuser.

Soit : nous aussi monsieur Besson, nous étions confiants dans votre sens du spectacle. Tout au long de la cérémonie des Oscars, vous nous aviez rebattu les oreilles avec les prouesses techniques accomplies pour la plus grande gloire d'Adèle, alors que, le nez dans nos statistiques (Démineurs, je te dis que ce sera Démineurs), on n'en avait vraiment rien à cirer.

Et moi et moi et moi

Monsieur Besson, vous nous avez bien eus ! Les quelques secondes qui méritaient le coup d'oeil sont dans les 2.25 de la bande-annonce. Pour le reste, des images de synthèse qu'un enfant de 10 ans et demi armé d'une page Paint aurait mieux réussies. Votre Ptérodactyle est tellement laid qu'on en venait à supplier la caméra de ne pas s'approcher plus, vos incrustations si minables qu'il ne leur manquait plus que le halo bleu des Dix commandements (1956 !) pour achever de nous égarer : non, vous n'essayiez pas de rendre hommage à Cecil B. DeMille, qui lui, en plus, ne le faisait pas exprès. Et l'Adèle numérique fendant les cieux sur la bestiole est proportionnée comme une icône médiévale et floue comme une carte postale noyée dans le caniveau. Ca nous ferait presque fait rire si on n'avait pas tant envie de lui bourrer les narines avec les plumes de son chapeau. Non, vraiment, vous nous avez bien eus. Mais vous êtes le seul à avoir trouvé ça drôle.

Oh la belle incrustation

Pourtant, on avait bien compris qu'il fallait rigoler. Dès le début, avec ce gros qui pisse contre une grille dans Paris désert et manque de faire un infarctus en apercevant la fichue bestiole. Oh, le vieux gag. Mais bon, manifestement, ça vous plaisait, et vous nous l'avez resservi une seconde fois, en remplaçant la bestiole par une momie funky. Il paraît que le monsieur est de la Comédie Française (Sacrée gamelle hein ! fallait vraiment être torché pour échanger son étiquette Comédie Française contre celle du mec-qui-pisse-dans-le-dernier-Besson). Et vous, Besson, votre grand-mère vous a trop répété que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures. Mais vous n'avez plus 10 ans et demi, et votre grand-mère, elle s'est bien fichue de vous.

Si encore vos blagues n'avaient d'autre tort que celui de ne faire rire que vous... Mais à vouloir faire rire, monsieur Besson, vous en avez oublié de faire un film. La pauvreté de votre scénario donnerait envie à bien des Tardiphiles de vous expédier par la poste un petit cercueil, oui, comme dans l'Enquête Corse. Vos blagues sont de celles qui ne faisaient pas rire au départ, et perdurèrent mystérieusement sur douze générations, se nullifiant encore et encore avec l'âge, comme se bonifie un bon vin. Un jour peut-être, en atteignant le 126e degré, on se prendra à rire de vos momies parlantes, de vos scientifiques fleur bleue, de vos gendarmes mononeurones. Et on culpabilisera.

Et votre Adèle, monsieur Besson, votre Adèle ! On avait rarement eu autant de mal à croire l'héroïne intelligente depuis Da Vinci Code. Je vous jure, même Denise Richards dans Starship Troopers, ça marchait mieux. Mais bon, on a vu ses seins, vous pensiez sans doute que ça nous suffirait. Mais monsieur Besson, disons-le enfin, vous nous prenez POUR DES CONS ! S'il suffisait d'un fond de teint matifiant et de quelques exhibitions mammaires pour faire une actrice, Pamela Anderson aurait un Oscar dans sa salle de bain.

Tu es content hein spectateur tu es content

Mais j'ai déjà consacré beaucoup trop de temps à votre petite blague. Et de toutes façons, tout le monde a déjà saisi le pourquoi du comment : le vrai cinéaste, celui de Subway et de Léon, vous l'avez jeté dans la Seine et, trois coups de bistouri plus tard, vous avez pris sa place. Aussi je laisserai l'honneur de conclure à monsieur Kevin Prin qui vous assène sur Filmsactu un diagnostic sans appel. Et moi, qui ai mieux à faire, je file relire Tardi.

Noémie.


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