20 janvier 2011

Remember Raimi

Idée coffret pour Noël 2013 : Spiderman, de Sam Raimi (2002) ; Kick Ass, de Matthew Vaughn (2010) ; The Green Hornet, de Michel Gondry (2011) ; Spiderman Reboot, de Mark Webb (2012).

Avec The Green Hornet, l'ère des superhéros s'enfonce plus que jamais dans l'ère de l'ironie. Effet collatéral du passage au troisième degré : l'époque naïve revient en force. Le premier Spiderman est en passe de devenir un classique. Il est partout, de manière plus ou moins explicite. Explicite dans Kick Ass ; moins voyant dans Green Hornet (mais Green Hornet est une excroissance de Kick Ass). Cela nous ramène, après moultes pérégrinations photogrammatiques, au retour à la case départ : le Spiderman de 2012 ressemblera au Spiderman de 2002 à ses débuts - c'est-à-dire, vous allez le voir sur ces images, quand Peter Parker ressemblait encore à Dave Lizewski (à Kick Ass, quoi). L'araignée se mord-elle la queue ? Le premier Spiderman est-il surestimé ? Son caractère séminal justifié ? Je vous ai donc apporté un petit diaporama, alternant images de 2002 et de 2010, pour finir par celle de 2012, postée sur notre mur facebook il y a peu. (Ici, bruit du moteur de la machine à diapositives qui se met en marche dans le local désaffecté où nous avons pris l'habitude de nous retrouver le samedi soir à 20h30).

D'abord, les premiers pas.


Puis le futur ennemi, toujours plus riche. (première image : James Franco. Vu dans Green Hornet.)


La cantine, où se forgent les incompris, les exclus :


Émouvante genèse de papier dans le film :


Fous ta cagoule.


2002, 2012.


Andrew Garfield, vu dans The Social Network.


Camille.

P.S. : Et à présent on arrête avec Kick Ass pendant un moment...

(bruit de la machine à diapo qui s'arrête. Des jus de fruit sont à votre disposition sur la table du fond.)

12 janvier 2011

Notre avis est indispensable, suite et fin

Mes camarades, dans leur grande mansuétude, me pardonneront cette manifestation tardive.

Le vrai film que j'ai préféré :

Kick-Ass, Matthew Vaughn : C'est le film que j'ai conseillé à tous mes amis en 2010, et qui avait donc sa place ici, en ouverture du classement. Kick-Ass raconte peu ou prou l'histoire d'un gringalet chevelu se battant contre des très méchants très stupides dont le chef ressemble à Vladimir Poutine, sur une BO composée par Prodigy. Les références pas si subtiles à Spiderman, Counter Strike ou 4chan s'y disputent la vedette, tout comme Aaron Johnson et Christopher Mintz-Plasse, mon héros depuis Superbad. En bonus, il y a aussi Clark Duke, ce petit gros à lunettes qui emballe les filles dans tous ses films, de Sex Drive (chef d'oeuvre) à Hot Tub Time Machine (meilleur titre du monde). Que dire de plus ?

Les films qui font sérieux :

Mother, Bong Joon-Ho : C'est le film coréen de l'année, devant un Poetry somptueux mais un poil académique. Bong Joon-Ho, à qui l'on devait déjà le métaphorique The Host, continue d'exploiter la veine satirique acide et grotesque avec laquelle il dénonçait déjà les politiques de développement urbain sud-coréennes. Les personnages, tous au bord de la folie, composent un portrait à charge de cette société sclérosée par la corruption et l'immobilisme. Impitoyable et élégant.


Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, Apitchapong Weerasethakul : C'était donc la Palme, le film à voir cette année dans le microcosme lettré parisien qui pense que son avis compte. Étonnamment, la moitié qui ne s'est pas endormie a claqué la porte en clamant que décidément, c'en était trop cette fois-ci, et que Tim Burton devait être brûlé en place publique. Manifestement, la Thaïlande n'est pas la nouvelle Corée des cinéphiles. Soit. Alors ici, je lance un cri de ralliement pour tous ceux qui comme moi, ont trouvé que c'était le plus gracieux, le plus créatif, le plus féerique des films de 2010.


Nuits d'ivresse printanière, Lou Ye : J'avais déjà évoqué le cas Lou Ye dans cet article consacré au cinéma asiatique. Toujours aussi nerveux, son cinéma se perd à nouveau dans les méandres d'une Chine qui s'auto-censure jusque dans l'intime. Beau sans affectation, le film rappelle Happy Together de Wong Kar-Wai, dont il tente de dissoudre le huis-clos dans une fuite illusoire.


Tournée, Mathieu Amalric : Ce film brouillon et sentimental, à moitié réussi sans être à moitié raté, est une trop bonne surprise pour que je me prive de le mentionner. Le ramdam qui auréole Mathieu Amalric m'agaçant terriblement depuis à peu près toujours, le soupçon de surévaluation/surmédiatisation/surCannisation pesait très lourd sur son film. Et en fait non. Tournée a le débraillé pétillant d'une Nana au saut du lit, et sa nostalgie factice de cocotte.

Green Tarantino

Michel Gondry, expert en hommages (voir Soyez Sympas Rembobinez), rend ce mois-ci hommage à une série de 1966, et qui a fait un bide (concurrencée par Batman) : Le Frelon Vert. Un autre réalisateur né en 1963 avait déjà rendu hommage à cette série furtive : Quentin Tarantino. Dans Kill Bill, premier du nom.
Le Frelon Vert est en effet devenu culte, avec ses 26 épisodes de rien, pour le sidekick qu’il avait mis en lumière : Bruce Lee. Et toute la séquence finale de Kill Bill ne faisait que raconter l’histoire de Bruce Lee. Vous n’ignorez peut-être pas qu’Uma Thurman emprunte sa combinaison jaune rayée (façon abeille) au Bruce Lee de la fin, dans Le Jeu de la Mort (1973). Eh bien, ceux qu’elle affronte dans la maison du Plan Séquence, la House of Blue Leaves, ce sont les Crazy 88 : 88 gardes japonais habillés façon frelon, avec le masque que portait Bruce Lee lorsqu’il incarnait ce fameux sidekick (Kato).
La référence commence par le générique de la série, remix du Vol du bourdon de Nikolaï Rimsky-Korsakov (Le Frelon Vert était à l’origine une série radiophonique des années 30 dont la particularité était d’employer de la musique classique pour faire ses ponts). Ce générique commence quand Uma Thurman prend un avion pour le Japon, un avion qui évoque aussitôt, sur la carte qu’il traverse, une sorte de gros insecte noir (couleur du frelon, si mes souvenirs sont bons, depuis que j’ai vu mon grand-père en éclater un à mains nues sur la vitre du tracteur).

Cette séquence musicale est en fait un préliminaire sexuel au gigantesque combat qui va suivre. Tarantino propose un second préliminaire juste après le premier (avec la musique de Téléfoot, vous savez ; je connais parce que mon grand-père, le même, regarde souvent). Ce qu’il y a de sexuel, c’est le plaisir que prend Tarantino à coordonner ses mouvements, mains, bassin, bouche, traduits en langage cinématographique : images, rythme de la musique, raccords. Tantôt les images collent au rythme, tantôt elles s’en détachent, tout le monde fait ça évidemment, même Xavier Beauvois à la fin de Des Hommes et des Dieux, dont le montage sert aussi à subitement plonger le spectateur en extase – c’est juste qu’ici Tarantino le fait de manière particulièrement sensuelle. Il joue délibérément, ouvertement, avec l’excitation du spectateur (ce que ne fait pas franchement Xavier Beauvois, par exemple).
On aperçoit donc, en concordance avec le rythme de la musique, une roue verte, furtive, du même vert que celui du Frelon. Juste après, c’est toujours sur cette musique qu’Uma Thurman apparaît pour la première fois dans le costume du Jeu de la Mort. La voilà bientôt en train de combattre ces 88 hommes, et Tarantino de raconter que 88 Bruce Lee des débuts (la précision, c’est son truc, à QT) ne valent pas 1 seul Bruce Lee de l’apogée. Un génie ne peut que s’améliorer avec le temps. D’où cette certitude à la fin d’Inglourious Basterds : « I think that might just be my masterpiece… »
Tarantino est aussi sûr de lui et arrogant que Gondry est discret, réservé. D’où le grand intérêt d’être né en 1963, ou d’avoir 47 ans, et d’aller voir Le Frelon Vert, dès aujourd’hui. D’ailleurs, je dois m’envoler, ma séance est dans moins d’une heure.
Camille.

1 janvier 2011

Notre avis est indispensable 2010

La Route, Avatar, Max et les Maximonstres, Tetro, La Dame de Trèfle, Gainsbourg, Océans, I love you Philip Morris, Sherlock Holmes, L'Epine au coeur, Shutter Island, Fantastic Mister Fox, Percy Jackson, Soul Kitchen, Hors de contrôle, Nine, In the Air, A Single Man, Wolfman, Le Guerrier silencieux, Bad Lieutenant, Alice au pays des merveilles, Ghost Writer, Independencia, Dragons, Le Choc des Titans, Adèle Blanc-Sec, Les Chaussons rouges, Iron Man 2, Kick-Ass, Robin des Bois, Greenzone, L'Arnacoeur, Greenberg, Copie conforme, Crazy night, Prince of Persia, L'Illusionniste, Summer Wars, Les Moissons du Ciel, Bébés, Shrek 4, La Bocca del Lupo, Easy Rider, Dogpound, Tournée, Splice, Toy Story 3, Inception, Tamara Drewe, Knight and Day, Salt, The Killer inside me, The Expendables, Donne-moi ta main, Le Bruit des glaçons, Ondine, Oncle Boonmee, Sexy dance 3D, Twelve, The Runaways, Des Hommes et des Dieux, Piranha 3D, The Cat, The Reverend and the Slave, Les Amours Imaginaires, Bassidji, Laisse-moi entrer, The Social Network, Le Royaume de Ga'Hoole, En Présence d'un clown, Les Yeux ouverts, Rubber, Unstoppable, Harry Potter 7.1, Raiponce, Narnia 3, Skyline, Le Narcisse Noir.

Voici la liste, exhaustive, des films que nous avons vus en salle cette année. Il y a des lacunes impardonnables, des pertes de temps considérables, et nous ne vous dirons pas lesquels nous sommes retournés voir. Suivent les tops...

Le Top 5 de Camille

5. Inception, de Christopher Nolan.


Pourquoi Inception plutôt que son jumeau Shutter Island. Bon. A regarder l'un et l'autre à la suite, il est assez clair que Nolan n'a pas atteint la perfection du Scorsese. Son film se perd en explications, l'imaginaire ne va pas toujours assez loin (les rues d'Afrique, la ville rêvée...). Et d'autres défauts en dépit desquels j'ai cette faiblesse pour des scènes qui, extraites de leur écrin élimé, sont de vrais bijoux : dojo inondé, ascenseur en apesanteur, et cette remontée de rêve en rêve à la fin du film, suivie par les demi-tons des pompes zimmeriennes. Et l'apparition d'un train dans une rue, immense pensée trouant le réel.

4. Kick-Ass, de Matthew Vaughn.


Kick Ass regorge de ces travellings dont j'avais toujours rêvé, où la caméra est un outil permettant de naviguer librement entre les images et le réel, entre l'imaginaire et le réel : lorsqu'elle filme l'intérieur d'une image télé, l'intérieur des images d'un comics... Et j'aime cette histoire d'idéaliste submergé par les conséquences de ses actes. D'un homme qui était persuadé de n'être personne et se retrouve prisonnier du personnage qu'il devient. Quant à Mark Strong, j'ai été enchanté de le rencontrer (d'ailleurs, absolument personne et même pas nous n'aura reparlé du Robin des Bois de Ridley Scott, dans lequel joue Strong, et c'est dommage).


3. Day and Night, de Teddy Newton.




Oui, il n'y en a que pour Toy Story 3 en cette fin d'année où l'on peut enfin vendre les coffrets trilogie. Film drôle, mais seulement correct. Si le DVD vous est échu, j'espère que vous penserez à regarder ce lever de rideau, probablement mis dans le menu des bonus. Même idée que dans Kick Ass et Inception d'une caméra qui voyage indifféremment d'une strate à une autre de réalité : lorsqu'un travelling part d'un écran de drive-in, puis révèle le public, puis sort du trou de serrure qui est l'un des personnages. L'un des mouvements de caméra les plus fascinants de l'année.


2. Gainsbourg, de Joann Sfar.


Rêve et réalité, toujours. Gainsbourg parle de Sfar plus que de Serge. C'est un conte. Pas une biographie : un film fantastique. Où les doubles jouent du piano, où les dessins descendent des affiches, s'incarnent au fond du plan ; où les photographies se mettent à danser ; c'est une comédie musicale et un drame, et puis la musique est à se damner (comme celle de n'importe lequel des films de ce top, d'ailleurs).


1. Avatar Special Edition, de James Cameron.


Je n'y peux rien. A une époque je me passais en boucle Jurassic Park. J'ai dû regarder le moment où le T-Rex sort de son enclos une bonne centaine de fois. Je n'avais pas retrouvé ce désir de voir et revoir des images, encore et encore, avant Avatar. Heureusement, le DVD s'use moins vite que la VHS...

0. Tetro, de Francis Ford Coppola.


Hors catégorie. Parce qu'il est sorti fin 2009, d'abord, et l'année dernière, j'avais pensé qu'il était trop tôt pour remplacer un film du top par un film qui venait de sortir. De toutes façons, chaque film de Coppola est, pour moi, hors-catégorie. Contrairement à Avatar, je n'éprouve pas le besoin de me droguer les yeux à ses images. Je le savoure, le revois moins souvent. Absolument tout, ici, me touche. Osvaldo Golijov est toujours synonyme de Dieu. Ces vagues qui viennent s'échouer sur une scène de théâtre illustrent parfaitement ce que j'aime dans ce mélange de plus en plus fréquent au cinéma entre onirisme et réalité. Les acteurs, la lumière. L'histoire d'amour. Maribel Verdu. Don't get me started.


Le Top 5 de Noémie

5. Kick-Ass, de Matthew Vaughn.

J'aime la première scène, Chloë Moretz, Big Daddy, la Mistmobile, la musique, les yeux d'Aaron Johnson, les scènes de combat, les gros mots. Pour le reste, il y aurait à disserter longuement sur l'arrivée de Kick-Ass dans le maëlstrom problématique des films de super-héros. Mais je m'en voudrais de vous assommer dès le premier janvier, aussi je me défausse et vous laisse méditer ce petit extrait d'un livre passionnant :

Tarzan se transforme en matamore de piscine, son naturisme en circuit touristique. Sa vie est réglée par une femme fixe, un fils idiot et une guenon factotum, sa maison, même si elle est perchée au sommet d'un arbre, s'enrichit de confort et de gadgets multiples. Prochainement sur vos écrans, il aura une télé, un frigo et une machine à laver les pagnes. Certes, Tarzan plonge dans les fleuves (pour que les spectateurs puissent l'imiter), mais il ne se déplace plus en sautant de liane en liane (l'opération n'est pas prévue dans les villages du Club Med).

Vous ne voyez pas le lien ? On en reparlera.

4.
A Single Man, de Tom Ford.

J'aime profondément ce film, et je ne vous en ai pas parlé. Je m'en veux. L'histoire est ordinaire, merveilleusement dite, avec une délicatesse et une élégance que l'on prend de moins en moins souvent, dans les années 2000, le temps de gagner. J'aime la grâce fragile de Julianne Moore, sa voix, le dessin de ses rides. J'aime et admire Colin Firth, dans ce film, au-delà des mots.

3. Dragons, de Chris Sanders & Dean DeBlois.

J'aime les dragons.

2. Shutter Island, de Martin Scorsese.

J'aime DiCaprio. Je l'aimais quand on avait un peu honte de l'aimer, parce que toutes les filles de quinze ans l'aimaient. J'aime le voir vieillir : la perfection juvénile de son visage s'estompe, se fait oublier. Il y a dans ce vieillissement une sorte de maladresse qui n'appartient qu'à lui. Perdant en amplitude, sa voix se brise en profondeur. Ses doigts se tendent sans pouvoir saisir. Les yeux semblent lui brûler sur le visage. La peau s'affine, et sous cette transparence dangereuse l'homme tout entier se construit et se fait voir. Magnifique et troublante entrée en vieillesse que la sienne : cette beauté qui lui pesait presque à vingt ans s'efface et se reforme, sous les traits ambigus d'un mort.

1. Des Hommes et des Dieux, de Xavier Beauvois.


J'aime... Je vais vous décevoir, mais je dois me résoudre à vous refaire le coup de la dernière fois. Je ne sais toujours pas quoi vous dire de ce film, en un mot comme en cent. Je l'ai aimé, je l'aime, jusqu'à l'émerveillement, jusqu'à m'insurger qu'il ne soit pas en tête de tous les tops de France et de Navarre. Un jour, quand je trouverai les mots pour parler de ce film, j'écrirai une lettre à Xavier Beauvois. Je lui dirai que j'ai trouvé dans ses images et dans ses mots un trésor dont je ne me lasse pas de contempler l'éclat.

C'n'N


PS : bonus track pour les esthètes, le Top Bouses.

5. Salt, de Richard Croûte.
4. Le Choc des Titans, de Louis Leterrier.
3. Prince of Persia, de Mike Truelle.
2. Adèle Blanc-Sec, de Luc Siphon.
1. Skyline, des frères Tartempion.