28 juin 2012

Ceci n'est pas un message publicitaire

Demain


... et jusqu'au 10 juillet, c'est Paris Cinéma ! Ca se passe un peu partout dans Paris sur les deux rives (Forum des Images, Grand Rex, Nouveau Latina, Grand Action, 3 Luxembourg, MK2 Bibliothèque...), il y a énormément de choses à voir (rétrospectives, avant-premières, compétition) et de grands bonhommes du cinéma à découvrir ou à redécouvrir (Olivier Assayas, Leos Carax, Raoul Ruiz, Johnnie To, et une magnifique constellation venue de Hong-Kong, qui est cette année, dans nos géographiques cinéphiliques, the place to be).


Et sinon, votre humble servante a l'honneur de faire partie du Jury des Blogueurs et du Web, avec quatre autres geeks sympathiques que vous pouvez - si ce n'est pas déjà fait - découvrir en cliquant ci-dessous :

Christophe Beney

Frédérique Gosnik

Valérie Levilain

Anna Marmiesse

Quant au programme des réjouissances, vous le trouverez par là.


Bande Annonce Festival Paris Cinéma 2012 par festivalpariscinema

Venez donc ! 

Noémie



Hots Shots - Juin 2012 - Part Two

Mais oui ! Blanche Neige et le Chasseur, de Rupert Sanders

Personnellement, Charlize, je ne comprends pas ...
 ...pourquoi tu flippes.

 Si on accepte - et ce n'est pas trop difficile - de passer sur la petite incohérence scénaristique de base (Kristen, une menace pour Charlize ? Allons allons, vous dis-je, allons allons.), cette seconde version 2012 du conte de Grimm est indéniablement la bonne. Equilibrée dans sa noirceur tout public, très inventive graphiquement, elle a le mérite indéniable de montrer  rapidement que, si les exigences commerciales restent présentes, elles ne sont pas la raison d'exister d'un film qui se tient très bien par lui-même et pour lui-même. Charlize joue comme dans Prometheus (raffinements articulatoires travaillés avec le coach vocal de Buckingham Palace, maintien altier de l'orteil - attention la crampe - au menton) mais ici c'est parfait. Kristen bénéficie contre toute attente d'un rôle intéressant : après la poupée ridicule de Tarsem Singh, cette Blanche-Neige est une allégorie de la tristesse, une créature anémiée dont la blancheur enchanteresse s'est minéralisée au fond d'une geôle, au plus haut de la plus haute tour... Sa geste chevaleresque n'est pas reconquête d'un héritage volé, mais pari insensé sur un bonheur hypothétique, qu'elle n'a connu qu'à l'âge où on ne sait pas faire la différence entre le monde des hommes et le monde des sorcières. Peut-être, le grand palais repris, ne restera-t-il rien. 

Elle se démène, Kristen. Souvent, cela lui fait du tort. Elle est à elle toute seule la tragédie de l'engluée précoce, prise dans la Kristen Stewart consommable comme une mouche dans le miel, figée entre trois expressions, aussi dépourvue d'art et d'âme qu'un code-barre sur une cannette de Coca. J'ai lu au détour de quelque feuillet inavouable qu'elle parvient dans Sur la route a être encore plus mauvaise que dans Twilight. Je n'ai pas vu Sur la route. Mais il y a cette scène dans Blanche Neige et le chasseur, où elle doit convaincre une bande de mâles épais et odorants de la suivre. Pour reprendre le royaume de son père assassiné, pour donner une chance à l'hypothèse de bonheur. Elle tord la bouche, elle fronce les sourcils, elle crie. Sa technique de jeu est très, très faible. Mais elle essaie, pousse sur sa petite voix comme on se hisse sur la pointe des pieds sans tromper personne, pour faire croire qu'on est grande. A essayer si fort, voilà le paradoxe : elle joue toujours mal, mais elle joue vrai, et elle me touche. Et tout d'un coup, j'ai oublié d'être lassée par anticipation de la voir.

Oui, merci, j'en reprendrais bien une troisième fois :  Dias de Gracia, de Everardo Gout


Tout l'art de voir un match avec les yeux bandés

Un film qui divise, et, disons-le sans attendre, un film de geek. En surface, c'est l'éternel combat du bien contre le mal, et l'éternelle liquéfaction de l'un dans l'autre. Trois coupes de monde de football, et trois histoires croisées : un jeune policier dont les naïvetés dernières meurent du mal le plus laid. Un otage auquel son gardien, apprenti truand, raconte les matchs. La femme d'un homme enlevé.

En pratique : trois histoires assemblées et contrastées comme les petits carrés d'un Rubik's Cube. Taillées au millimètre avec des outils très variés, en plans hallucinés et cadres éclatés, déployant comme une palette toute la gamme des flous... C'est plutôt rare, mais ici c'est aussi vrai que passionnant : la manière de dire fait tout. Neuve, pas tant dans son langage que dans la vivacité créative du grand réassemblage de signes qu'elle orchestre. Neuve encore, parce que tenue par un désir de parler juste et fort, au Mexique, de Mexico. Dias de Gracia est parvenu à s'offrir le destin qu'il cherchait : être écouté et vu sur ses terres et ailleurs, mais sur ses terres surtout, où on en montre des extraits dans les écoles, pour donner aux plus jeunes la rage du changement. 

Sur tout cela, trois grands compositeurs, un par histoire : narrateurs seconds, venus imposer aux images la marche signifiante d'une trame. Nick Cave et Warren Ellis, le duo de L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Atticus Ross, oscarisé pour The Social Network, et le Shigeru Umebayashi de In the Mood for love. J'en ai parlé plus longuement par là. Pour l'heure, et parce qu'il faut que je passe à Faust, je vous laisse avec ce petit medley très bien fait, qui me donne une furieuse envie de planter là Sokourov et de m'en retourner à Mexico.


Ca, c'est fait : Faust, de Alexander Sokourov

On prétend que le plus grand talent du diable c'est de faire 
croire qu'il n'existe pas. Moi, je l'ai tout de suite reconnu. 

Sur ce, Faust quand même. Et une envie proprement diabolique de faire dans le politiquement incorrect, comme chaque fois où presque qu'un film fait consensus chez tous les gens bien.

Or donc.

Faust, c'est 2h14 de sublimités visuelles posées sur une vision du mythe - rare et puissante, douée d'une autorité tentaculaire qui s'exerce à l'encontre du spectateur, jamais à l'encontre du texte. Cruelle dans ses finesses, majestueuse dans ses amours, pleine de miséricorde dans sa démiurgie, plus intimidante encore de rester ainsi sous contrôle.

Faust est insupportable, au sens où le sublime ne se tolère que sur un temps très court. Après quoi tout se brouille, il faut retrouve l'air, réhabituer son oeil au mal de voir. 2h14 de sublime pour les sens, c'est infiniment trop. A penser - car c'est de cela qu'il s'agit, toujours, il y a une idée derrière chaque image - c'est épuisant, c'est presque atroce.

Faust est un chef d'oeuvre. Ce genre de chef d'oeuvre que tout le monde est capable de reconnaître comme tel, tant on se sent broyé par lui. Tous ou presque font semblant d'avoir pris leur pied, de désirer y revenir. Je vous l'affirme : ceux qui croient sincèrement y avoir pris leur pied n'ont rien compris. Beaucoup mentent. Les plus fins connaisseurs, sans doute, sont masochistes. Mais il en faut : peut-être le chef d'oeuvre ne peut-il être par essence que torture à voir, à lire et à aimer.

Old-fashioned class : The Deep Blue Sea, de Terence Davies

Tom Hiddleston a fait un sacré bout de chemin depuis Thor.

David Lean ressuscité. Même humilité, même fermeté devant le texte, même richesse d'expression dans l'entre-deux maintenu de plein gré entre le théâtre et l'écran : la conscience du décor comme tel, donné à voir comme surface plane, la caméra glissant d'un mur à l'autre sans poids, comme s'ils n'avaient pas plus d'épaisseur que des pans de cartons, laissant passer tous les murmures.

Au-delà de la scène, tous les fantasmes de ceux qui l'aiment trop pour ne pas la rêver plus proche. Les plans très serrés sur la peau, les soupirs enfermés, donnés à entendre, le geste infime chargé d'un sens infini, où se dilate le temps contemplateur que la pièce n'aurait pas le temps de prendre. Un portrait de femme qui bouleverse sur la longueur, et vous enferme, si vous y consentez, d'une patience à l'ancienne mode.

On ne fait plus de films comme celui-là. D'aucuns diront que c'est l'évolution qui en est cause, avec tous ses possibles de progrès, toutes ses incertitudes grandioses. D'autres y retrouveront avec reconnaissance le goût de la madeleine, et le souvenir diffus mais chéri du temps à portée d'homme.

  
Noémie

27 juin 2012

Julie sans Julia

On n'avait pas fait attention à l'époque, mais la réalisatrice de Julie&Julia, Nora Ephron, avait 68 ans et il ne lui en restait plus que trois à vivre. Elle est morte hier soir. Sur ses huits films sortis ces 20 dernières années, ne retenons que ce dernier, où elle avait substitué au scandaleux nez de Meg Ryan de ses débuts (Nuits blanches à Seattle) l'ineffable cuteness d'Amy Adams, qui atteignait alors un sommet. Rien que pour ça...





C.

23 juin 2012

Or donc, "Les Muppets : le retour" n'est pas sorti en France.


 C'est que le public français n'aurait soi-disant pas compris ce que venait faire un film avec des mains gantées - aussi expressifs soient ces gants - entre le dernier Marvel et le prochain Pixar. Direct-to-dvd pour Kermit, ne passez pas par la case cinéma, ne touchez pas 200 millions de dollars. Choix commercial. Choix logique. Mais parfois, ce qui est logique peut être idiot quand-même. Et inversement. Que faites-vous de la beauté du geste ?

 

 

 

   Les Muppets : le retour n'est en effet pas n'importe quel direct-to-dvd estampillé Disney - puisqu'il s'agit en général de suites crasseuses aux grands classiques, de films avec Clochette (conçus pour apprendre aux petites filles à porter des minijupes ; vous avez vu The Sitter ?), ou de purges de type High School Musical.
 Le réalisateur du film s'appelle James Bobin. Ce n'est pas grand monde, je vous le concède. Ce n'est pas lui qui compte. 

 

 Celui qui compte, c'est Jason Segel, que l'on voit ici aux côtés d'Amy Adams. Jason Segel portait deux films en lui. D'abord, Sans Sarah rien ne va (Forgetting Sarah Marshall, en vérité), qui est l'une des comédies les plus géniales de ces 250 dernières années (sortie en 2008), dans laquelle un type fraîchement largué court retrouver son ex à Hawaï et se retrouve en plein vaudeville, partagé entre son ex, le nouveau mec de cette dernière (Russell Brand), sa nouvelle conquête (Mila Kunis) et Jonah Hill. Ce personnage de looser au cœur brisé se retrouvait à un moment donné seul au piano, en train de chanter le générique des Muppets entre deux sanglots gras... Scène grotesque, scène grandiose, qui annonçait le goût prononcé de l'acteur pour ces bonnes vieilles marionnettes. A la fin du film, comme dans toutes les histoires de rupture, le type se reconstruisait grâce au travail et retrouvait le cœur à vivre en montant une mise-en-scène de Dracula en mode muppets, toujours. Et repartait avec Mila Kunis.


 

 

  Les Muppets, c'était le deuxième film de sa vie. Il ne pouvait pas le rater. Il ne l'a pas raté. Le scénario est de lui et de Nicolas Stoller, le réalisateur de Forgetting Sarah Marshall - et aussi scénariste de l'excellent Yes Man. Vous voyez, James Bobin, finalement, il a surtout le mérite de pas s'être mis en travers du chemin.

(kassdédi TF)
 Imaginez-vous donc un mélange des films de Segel et Stoller, de Blues Brothers - le film raconte comment Kermit remonte le groupe des Muppets pour sauver leur vieux studio -, et de Roger Rabbit - le fait que des marionnettes se promènent dans les rues ne pose problème à personne. Futé, le scénario tire parti de cette suspension d'incrédulité fondamentale : si personne ne s'étonne de rien, c'est parce que tout le monde a conscience d'être dans un film. Les méta-gags pullulent. Lorsqu'il se met à chanter et que les passants commencent à l'accompagner, le héros en a conscience, contrairement aux personnages de comédie musicale qui font comme si rien ne s'était passé après ("I've made my choice, I just sang a whole song about it!"). C'est très drôle, et ça change tout. On finit par avoir envie d'écrire que c'est un film sur le cinéma, c'est dire. Mais on ne l'écrira pas, hein. Restons polis.


  Beaucoup de gags, dont certains sont vraiment très cons : les Muppets, c'était d'abord ça, pas toujours très fin. Kermit a en permanence dans le regard un peu de Billy Cristal en train de s'excuser d'avoir fait une blague pourrie lors de sa présentation des Oscars. Ou de Woody Allen gêné par la facilité avec laquelle lui viennent ses traits d'esprit. Le regard de Kermit, ce n'est jamais que deux balles de ping-pong peintes, bien-sûr. Mais ça fera 40 ans en 2016 qu'on y projette absolument tout. Génie des animateurs. Ces poupées sont si incroyablement expressives. In your face, James Cameron..

A là Allen, non ?

suis pas certain que Kristen Stewart elle-même soit capable d'autant d'expressions, hahah.
 Mince, je suis allé trop vite. J'ai évoqué dans le paragraphe précédent les trois points que je voulais développer. Attendez une seconde.

[flash-back]


 Retour sur la particularité de l'humour Muppets, d'abord. Enfant chéri de Segel, le film n'est pas seulement un réservoir d'énormes gags réussis. Il déborde de l'amour que porte l'acteur/scénariste aux personnages de son enfance. On se retrouve du coup avec un mélange assez original de gags potaches au dernier degré, et d'émotion. De sublime n'importe quoi et de sensibilité geek exacerbée - chose que l'on ne trouve pas, par exemple, chez les Monty Python, ou chez Jackass, ou chez, je sais pas, n'importe quel type de comédie séparant bien l'humour de l'émotion. Ici, c'est l'humour qui est émouvant, parce que chaque gag est la madeleine d'une enfance dorée. Chaque connerie, aussi énorme soit-elle, est chargée de nostalgie.

Amy Adams. rhâ lovely
 Retour sur les yeux de Kermit, ensuite. C'est l'autre grande particularité des Muppets, et d'un film entier dont ils sont les héros : leurs yeux NE CLIGNENT PAS. Ça a l'air de rien. Mais l'un des seuls animaux sans paupières, c'est le requin, et si Les Dents de la Mer fait aussi peur par moments, c'est que la marionnette qui jaillit des flots pour bouffer Robert Shaw a l’œil fixe. Dit-il d'un air souligné. Cet œil inexpressif est terrifiant parce qu'il semble receler une idée fixe forcément terrifiante : on ne peut raisonner une chose obsédée. Les Muppets, comme le requin des Dents de la mer, pourraient être ces zombies sans paupières et pourraient franchement refiler les jetons. Or ce n'est pas le cas. Un plan sur une marionnette ne dure jamais trop longtemps : on a finalement l'impression qu'elles clignent des yeux lors du changement de plan, c'est tout.

 

 Mieux : cette absence de paupières, ici, n'est pas sans charme. Plutôt qu'à des zombies, les poupées ressemblent à des rêveurs. A ces gens au regard perdu qui quittent la conversation pour penser à autre chose, et parfois eux-mêmes ne savent pas à quoi. Am I a man or a Muppet ? demande la fameuse chanson du film qui a gagné un Oscar : être un Muppet, ce serait aussi ça, ne pas cligner des yeux, rêver sans cesse, être l'esclave de ses rêveries comme le requin l'est de son idée fixe.



 Retour sur James Cameron enfin. C'est attendu, mais le film moque par moment la technologie numérique dont on gave le public - des daubes Disney pour fillettes extraverties à Avatar. La liste des caméos (des apparitions de stars, quoi) des Muppets ne tiendrait pas sur votre bras droit si vous vouliez vous l'y faire tatouer mais il y en a un qui compte plus que les autres, c'est celui de Jack Black.

 Il est là pour deux raisons. D'abord, avec ses rôles dans High Fidelity et Rock Academy, il est associé dans l'esprit du public à la mémoire des années 80 et 90. Mais avec son rôle de Carl Denham dans le King Kong de Peter Jackson, il est également associé à l'une des plus énormes superproductions numériques de l'histoire.

(Pour écouter le remix de Nirvana par le quatuor des Muppets, RDV sur la page facebook de Mauvaises Langues)
  Alors, quand les Muppets veulent le kidnapper et qu'il sort de sa loge en combinaison de performance-capture - le truc moulant recouvert de capteurs - c'est une rencontre bien précise qui se produit.

 Celle de deux familles de balles de ping-pong.

 Celles que l'on utilise pour capter les mouvements des acteurs en combinaison, et les fenêtres de l'âme de Kermit. C'est le producteur Disney qui passe pour un schizo : le finale du film se produit dans un cinéma à côté duquel trône une immense affiche de Cars 2 - officiellement l'une des superproductions numériques les plus pourraves de ces 432 dernières années...

 


[et là hop, fin du flash-back]

 Euh... Bon, je crois que c'était à peu près tout en fait. En général il se passe quelque chose dans les films une fois que le flash-back a rejoint le présent (sauf peut-être dans Pulp Fiction ?)...
 Là, bon... Ecoutez, puisque ce post est en vrac de toutes manières, je vais mettre le titre maintenant, qu'en dites-vous.

                                       LES MUPPETS, LE FILM  : ÉLOGE DU CHEAP.


Fin.


Kamille

21 juin 2012

Hot shots - Juin 2012 - Part one

Remboursez ! : Prometheus, de Ridley Scott

Contrairement à ce qui avait été annoncé, il n'y a rien du tout à voir ici. Demi-tour.
Camille vous dirait que non, vraiment non, c'est pas si mal. Moi, j'en suis encore consternée. Peut-être ai-je le tort d'aimer la saga (1-2-3, Scott-Cameron-Fincher, pas de 4, quel 4 ?) au point de me construire des attentes démesurées. On nous l'avait vendu comme une genèse : il me semblait normal d'attendre une philosophie, ou un poème. Une exégèse à rebours. C'est un film d'action sans âme, mal pensé et mal construit autour de quelques beaux fantasmes d'images, grossièrement liés par les vieux schèmes des opus précédents. La femme enceinte du monstre, le cyborg a-t-il-une-âme-ou-non qui finit en tête parlante : si peu renouvelés, ces vieux schèmes, qu'on a bien l'impression d'être pris pour des imbéciles.

A sauver : Noomi Rapace. Une petite chose adorable de naturel au milieu de cet Hollywood crispé, Charlize toute constipée dans ses pyjamas en latex, et le merveilleux Michael Fassbender lui-même, parfaitement égaré dans un rôle mal écrit, sentant l'encaustique et la poussière. 

A applaudir : les concepteurs d'effets spéciaux chargés des créatures, qui sont les SEULS à avoir bossé leur Giger. De bestiole en kraken, ils reconstituent par fragments l'aventure génétique qui mène à l'alien des grandes heures, bien avant 2012. De fins détails, des idées jolies et tordues comme les scientifiques fous ou les spécialistes de langues mortes peuvent en avoir : dans toute cette sordide affaire, les seuls imagineurs, les seuls bons élèves, et les seuls gens honnêtes. Genèse il y a, mais muette, et visible uniquement pour ceux qui connaissent tout d'Alien, du temps où c'était fort et beau.

Bof : Jitters de Baldvin Z + Une éducation norvégienne de Jens Lien


 Être ou ne pas être...
...fuck that question !
Deux films sur l'adolescence qui ressemblent à des films sur l'adolescence. Ni mauvais, ni bons, bien joués. Dans le premier, un très joli Gabriel qui se demande s'il préfère vraiment les hommes, si c'est mal, si ça se fait. Dans le second, un Nikolaj tout joufflu, fils de hippies qui devient punk pour changer, et se fait des piercings sauvages à l'épingle à nourrice. 

Deux ambitions différentes : une boisson mélancolique pour jeunes poètes, et un cocktail multivitaminé incisif sous ses airs benêts. Un seul problème : la forme, définie au fil du temps jusqu'à la sclérose, à coups de gimmicks éventés, à la musique et à l'image. Pour les cinéastes d'adolescence plus encore que pour les autres, c'est une urgence criante : il faut tuer les codes, tuer père et mère, se vautrer dans le sang avec un grand sourire infâme, et reconstruire après.

Après tout... : Ce qui vous attend si vous attendez un enfant, de Kirk Jones


Après le bisou-papillon et le bisou-esquimau, le bisou-polichinelle-dans-le-tiroir.
J'avais tout prévu : le bandeau occultant pour dormir, les boules quiès, le casse-croûte, la peluche, la couverture, des magazines, de l'eau, des mouchoirs, du Lexomil. Mais somme toute, ça se laisse regarder. C'est encore une question d'honnêteté finalement : Ridley Scott, prends-en de la graine, ceci est un film honnête, oui oui oui. Un film qui vous donne exactement ce que vous vous attendiez à recevoir, dans un paquet bien emballé, et avec la formule de circonstance. Le casting que vous vouliez dans les rôles que vous vouliez. Qui vous réchauffe des blagues tièdes avec un gentil sourire contrit. Et surtout, un film avec Anna Kendrick et Jennifer Lopez. La première, vous savez que je l'aime. La seconde, c'est en voyant ce film que j'ai compris : vous ne me feriez pas écouter un de ses albums en entier pour une douzaine de bébés chats avec un ruban rose autour du cou. Mais à l'écran, elle est adorable. 

... à suivre : le très très bon du mois de juin. Stay tuned !

Noémie


20 juin 2012

En attendant...

... les hots shots que je suis en train de vous préparer, un petit coup d'oeil du côté de chez Pixar...


Noémie

19 juin 2012

Chantilly-Chantilly-Chantiiiiilly...

Comme tous les prétextes sont bons pour une silly symphony et que c'est la saison des courses, si vous n'étiez pas enchapeauté(e)s à Chantilly dimanche, voici une petite chose animée charmante, mignonne et galvanisante pour bien démarrer la journée. 

Have a nice one ! 


Noémie

PS : Le titre est une petite blague pas trop méchante en référence au micro-concert de Ayo, qui s'adonnait à sa spécialité (le  proto-scat mou) autour du toponyme (ChantillyChantillyChantiiiiilly) en nous demandant si on était là et si on voulait bien taper des mains comme si on était aux Eurockéennes. L.O.L.

12 juin 2012

L'instant prégnant #1 - Just a Kiss

L'instant prégnant, c'est l'instant enceint, sur le point d'accoucher d'un événement, d'un vrai moment. C'est l'instant d'avant. En art et en peinture surtout, c'est là que l'artiste met tout son génie : un tableau, une photo, c'est une seconde, autant choisir la meilleure - et la meilleure, c'est celle qui est encore grosse de promesses, gorgée d'attentes, vous voyez le genre.

Au cinéma, l'instant prégnant, c'est un autre problème.

A 24 images par seconde, on n'a pas forcément le temps de voir passer la meilleure seconde.
Alors on l'étire. On invente le suspense. On proustise la durée.
Sinon, on prend son blog, on invente un tag : "l'instant prégnant". Et on n'a plus qu'à capturer, avec nos petits filets, la meilleure image en liberté.

Et l'instant prégnant par excellence, grands romantiques que vous êtes, vous le connaissez bien.

 





* * *

2011, 2011, 2005, 1995, 1961 : Drive, Black Swan, H2G2, Clueless, Misfits...
   
 A venir : Just an Apocalypse. Stay tuned !



   Camille.

2 juin 2012

Montgomery Clift

De Tant qu'il y aura des hommes (Fred Zinnemann, 1953) au Bal des Maudits (Edward Dmytryk, 1958) : l'homme de la semaine, c'est lui. 

Dans les deux films, il joue le rôle d'un soldat persécuté par ses petits camarades (parce qu'il ne veut pas jouer à la boxe, ou parce qu'ils ont dû refaire le ménage à cause de lui). Dans le premier, il casse la figure, et dans le second on la lui casse. Dans les deux cas, il tient. Le geste lent sans être hésitant, le sourcil pesant, le sourire très rare. L'expression "force d'inertie" semble avoir été inventée pour lui. Quelque chose, pourtant, des fulgurances à la James Dean, même si chez lui le spasme est intérieur : cette même potentialité geignarde de la voix, la grande lourdeur des mots, lorsqu'il faut bien les dire. Moins reptilien, moins noueux : un James Dean inhibé, en somme.

Robert Lee Prewitt

"What do you think you're doing ?"

"I thought you were gonna wait !"

"Why don't you learn to play the bugle ?"

"I'll find a job tomorrow...
Tonight I sleep like I"m dead..."

"I did it, Prew..." (Sinatra)

Noah Ackerman

"I was afraid that if I was myself 
you wouldn't look at me twice..."

"Today is the day, eh..."

"TOUGH"

"Almost had him, though..."

"Wonderful... Absolutely wonderful !"

Noémie