8 juillet 2012

The amazing douchebag Spiderman



 Il y a bien eu ce moment où le logo Columbia est apparu sur l'écran de l'UGC Normandie, comme il l'avait fait en 2002, en 2004 et en 2007, à l'époque chérie où l'image de Sophia Lauren en Statue de la Liberté apparaissait en même temps que la première note au violon, ténue comme un fil d'araignée, du somptueux thème de Danny Elfman.

 Je me suis dit, si la Columbia est là, c'est que Marvel n'était pas seul aux commandes. Et vous connaissez Marvel : c'est un mot qui veut dire triomphe de la laideur dans une langue qui n'existe pas encore. Columbia, c'était bon signe, même si la note de violon avait disparu. Et puis le titre s'est affiché en biais, collé à une toile parcourue d'arachnides - comme en 2007, toujours, et je souriais vaguement.


Et puis...

Et puis le film a commencé.

* * *

  La promo du film veut que s'il était déjà temps de refondre Spiderman, c'est que depuis Spiderman 3, en 2007, s'était opérée une révolution chez les teens. Oui : FACEBOOK. Il était temps de présenter un Peter Parker qui a Facebook. Mark Webb, Spiderman, World Wide Web : il y avait moyen de rigoler. Comment, je ne sais pas, mais je ne suis si scénariste ni hollywoodien, j'ai pas l'esprit qui va jusque là. Malheureusement, ni éxécutifs ni scénaristes ne sont allés très loin non plus.

 Pour commencer, Peter Parker n'a pas de compte Facebook - contrairement au héros de Kick-Ass, par exemple. Ça part mal... Non, à la place, le Spiderman de l'ère post-facebook décolle les touches de son clavier d'ordinateur avec ses nouveaux doigts, joue sur son portable au milieu de sa toile d'araignée parcourue de mignons petits lézards et - ah ! Sire, c'est une révolution ! - passe un coup de fil à sa copine alors qu'il porte encore son masque, là où le Parker de Sam Raimi passait ses coups de fil à visage découvert et à partir des cabines téléphoniques.

 Wait, WHAT ? 
 C'était pour ça, le remake ? Remplacer les cabines par des portables ? Personne n'a pensé à leur dire qu'un Spiderman sans fil, c'est un Spiderman qui se casse la gueule ?


 Mais tout ça n'est rien à côté du vrai gros problème posé par la refonte du personnage de Peter Parker. 
 En effet, Peter Parker est devenu ce qu'on appelle, en cette ère post-Facebook qui est la nôtre, un gros douchebag de première catégorie.

Spider-douchebag et sa douchette
J'aimais que Tobey Maguire soit laid. Il n'avait tellement pas la tête du héros. On se disait que c'était quelqu'un qui avait l'habitude d'échouer partout ailleurs qu'en maths et quand il enfilait son masque, c'était pour réussir dans de nouveaux domaines autant que pour se débarrasser de sa maudite tronche de cake. Aussi The Amazing Spiderman est-il mort et enterré dès l'instant où apparaît Andrew Garfield. Vous ne me ferez jamais avaler qu'une jolie gueule comme la sienne a beaucoup de mal à se procurer les services génitaux des copines.

 

"Andrew Garfield fait oublier Tobey Maguire en deux minutes." Euh, non
  Pourtant, il y avait de l'idée. Le réalisateur, Mark Webb, avait réussi à faire croire dans (500) Jours Ensemble que Joseph Gordon-Lewitt pouvait avoir des problèmes avec les filles. Mais c'était un travail de Titan : il avait fallu montrer, tout au long du film, comment le héros tuait l'amour qu'aurait pu avoir pour lui le personnage de Zooey Deschanel. Webb était donc un choix judicieux : il fallait faire du joli Andrew Garfield un looser aussi - doublé d'un superhéros. Pas simple.
 Et c'est dans ce genre de situations que le vieil adage prend tout son sens : 

"N'est pas Sam Raimi qui veut."

  Prenez maintenant la fille. Gwen Stacy, qu'interprête Emma Stone. Elle voudrait nous faire oublier Bryce Dallas Howard dans le même rôle.

J'aime bien Emma Stone m'enfin bon, je me marre.
 Il y a une scène comme ça où Andrew et Emma flirtent dans un couloir du College. Lumière tamisée. Plan large façon "allez-y les gars, improvisez, on a deux minutes pour caler du jeu d'acteur et faire croire que les personnages sont authentiques". Andrew cabotine et gonfle ses joues mignonnes, bombe son skate sympa porté en bandoulière et bafouille.

 
 Quant à Emma, alors qu'on lui a encore rien demandé, elle est déjà en chaleur. Comme elle sait pas trop s'y prendre, elle laisse son cavalier prendre le dessus de la manœuvre, danse sur ses talons, serre les cuisses sous sa minijupe, croise ses chaussettes montantes jusqu'au-dessus du genou... FAKE
 FAKE
 FAKE
 FAKE 
Ces acteurs sont FAKE ce jeu est FAKE cette sympathie est FAKE cette scène est FAKE ces hésitations sont FAKE, Stone surjoue l'intello sympa et j'ai envie de me casser de la salle

 - mais je reste.

  Donc, pour la peine, quelques critiques anodines, avant d'évoquer l'infâme catastrophe de douchebaguerie qui plombe l'ensemble (si vous êtes pressés, scrollez directement jusqu'aux trois prochaines étoiles, hein, je vous en voudrai pas).

* * *

1) Comme dans toutes les productions Marvel, le bad guy est extrêmement laid (pâle resucée reptilienne du splendide Venom de l'épisode précédent).

Venom à droite, Spidey à gauche.
2) Comme dans toutes les productions Marvel, l'auto-citation est de mise et l'on retrouve, comme dans Avengers, une scène avec de la musique classique par-dessus une baston (caméo de Stan Lee dans la bibliothèque, facile mais rigolo).
3) Comme dans toutes les productions Marvel, on vole aux meilleurs sans vergogne : James Cameron encore, l'azote liquide pour se débarrasser d'un méchant, on a rien trouvé de meilleur depuis Terminator 2
4) Comme dans toutes les productions Marvel, c'est une arnaque. Le film ne répond pas aux questions importantes vendues par la pub. D'abord, on ne sait toujours pas comment fait Parker pour respirer sous ce putain de masque. Ensuite, la "vérité sur ses parents" n'est pas révélée, à peine évoquée dans la séquence post-générique.

Non mais, je suis malhonnête. Qui se soucie de la vérité des parents de Spiderman ? Hein ? Moi, par exemple, je m'en fous. Sérieusement : pourquoi va-t-on voir un Spiderman ? Pour rencontrer sa famille ? Come on. On y va pour voir un type voler d'immeuble en immeuble en criant de joie : that's why. On y va pour choper le vertige !

Question : est-ce que Mark Webb nous fout le vertige ? 
Réponse : bah pas vraiment, non.

 Les plans de vol, que Sam Raimi réussissait systématiquement, sont plutôt sans intérêt - à l'exception de DEUX, qui vous collent de sérieux frissons : une bientôt célèbre "scène des grues", parfaite, et le plan final, apogée de la 3D, pourtant simple update des plans nocturnes de Spiderman 3 (avec de la pluie en bonus - sauf que la pluie, voyez Matrix Revolutions et Dark Knight Rises, c'est normalement réservé aux épisodes 3... Loi de la surenchère oblige, attendez-vous à voir Spiderman jouer dans la neige d'ici 2016).

Spiderman 3, ça ça foutait le vertige
 Sinon le scénario est bourré d'invraisemblances que l'on passe en général aux enfants qui jouent aux Lego. Marque criante de l'inconséquence qui est la marque de fabrique du film : il faut juste que la scène ait du style sur le coup. Quintessence du film-food (contraction de film et de fast-food, si si).

 Pour expliquer ça, je vais spoiler la fin. Le dernier plan de la dernière scène est un Double Cheese. Tout y est absolument NORMAL. Nutrition express, aucune subtilité, aucune inventivité. On balance ce qu'aiment les jeunes à grandes louchées piochées dans le sac à M&M's avec des mains sales - des flocons, un mort, un cri étouffé recouvert de violons. Cette façon de balancer cette sauce préconçue conduit à des invraisemblances risibles, comme celle qui consiste à laisser un compte-à-rebours à la vitesse normale pendant un ralenti. C'est révélateur : ces types ne savent même plus ce qu'est un ralenti. Pour eux, il s'agit juste de mecs qui font semblant, façon Alain Chabat dans La Cité de la Peur. Même la distorsion du temps est FAKE.

Voilà, fin du spoiler.

hop
  Oh et, tant que j'y suis encore, même la musique est FAKE. Danny Elfman n'est plus, on a mis le James Horner d'Avatar à la place pour faire bander les jeunes, leur glisser par inception l'idée qu'ils regardent un film aussi chouette que celui de James Cameron. Mais quand il joue l'intro au piano de la scène du portrait dans Titanic juste avant le premier baiser entre les deux héros, je crie au FAKE et je crie au SCANDALE aussi.
 Pour cette scène du baiser, Peter joue au macho, ferre Gwen du bout de son fil et se la ramène dans les bras avant de lui rouler un chaste patin. C'est stylé ? C'est FAKE - il se prend juste pour Indiana Jones à la fin du Temple Maudit.

D'autant qu'Indiana Jones se permet de faire ça juste après avoir renoncé à la fortune et à la gloire... alors que Peter Parker s'apprête juste à se jeter dessus.
 
 Et surtout, infâme catastrophe, le coup du macho, là

C'est une chose que Peter Parker n'aurait jamais osé faire

* * *

Lui le looser, lui l'ancien solitaire, l'ancien Forever Alone, d'où sort-il ce gimmick à la Harrison Ford ?
(et où est passé l'éjaculat arachnéen collé à la cuisse de Gwen, quand sa mère débarque ? hein ?)

 La trilogie de Sam Raimi tournait autour de l'idée de responsabilité. C'était : comment se mettre au service des autres, quels que soient les pouvoirs qui sont les nôtres. Il ne s'agissait pas seulement d'arriver à être Spiderman, mais plutôt de questions du style :

- Comment se montrer digne du sacrifice de son Oncle Ben ? (acte 1) 
- Comment être là pour sa Tante May devenue veuve ? (acte 2)
- Comment devenir un fiancé digne de MJ ? (acte 3)



 Le fait d'être le superhéros le plus génial, le plus fort et le plus moulé de la galaxie n'était pas primordial. Spiderman n'était rien sans les New-Yorkais, Peter Parker n'était rien sans sa tante, sans son ami Harry, sans MJ surtout. La trilogie de Sam Raimi racontait comment Peter Parker cessait d'être un nerd, mais aussi d'être un égoïste. Comment il apprenait à vouloir s'ouvrir aux autres après avoir découvert qu'il le pouvait.  Sa culpabilité n'était pas une friandise mignonne, comme chez Andrew Garfield. Et quand Maguire souffrait, il le méritait. Et quand il était ridicule, il l'était à fond, sans compassion de personne.


 La version d'aujourd'hui exige du public qu'il prenne en pitié un Peter Parker chou et épanoui qui, du début à la fin, ne pense qu'à lui. L'idée même que ses erreurs aient des conséquences est effacée : comptez : trente minutes après la mort de son oncle qui devrait le ravager de honte, le voilà déjà en train d'emballer Gwen Stacy en se prenant pour Harrison Ford (j'y pense : dans (500) Jours Ensemble, Joseph Gordon-Levitt traversait une phase douchebag d'auto-exaltation narcissique - il venait de sauter Zooey Deschanel - se regardait dans une glace, et y voyait le reflet de... Han Solo.)


 Vous allez me dire : dans le Spiderman de Raimi aussi, Parker emballe une fille peu après la mort de son oncle. Oui, mais c'est sous le masque. Mary Jane n'apprend pas avant la fin de l'épisode 2, et dans un contexte très particulier, que Peter est le superhéros de ces dames. Dans Amazing Spiderman, c'est sans masque que Peter emballe Gwen, et en plus de manière à lui signifier que c'est lui le héros. Double-jouissance narcissique : JE suis Spiderman et JE t'accorde un baiser.

  ça pue 

 Voilà tout la différence entre Spiderman et The Amazing Spiderman : il y en a un qui s'exclame hey, je ne suis pas seulement Spiderman : je suis Amazing !

* * *

 La différence fondamentale entre le Parker de Raimi et le douchebag de Webb se joue à la toute fin du film.   
 A la fin du Spiderman de Raimi, Peter Parker renonçait vraiment. Il quittait Mary Jane et ne se retournait pas ; Mary Jane ne savait pas, de plus, pourquoi Peter refusait leur histoire d'amour. Ce renoncement à Kirsten Dunst constituait le plus bel effet spécial du film, sa plus jolie prouesse.



 A la fin du Spiderman de Marvel, non seulement Gwen sait pourquoi Parker lui dit devoir renoncer à leur histoire mais, comble du comble, le gamin ne peut s’empêcher de relancer son ex d’une petite blague qui la fait sourire. Gwen est un moucheron que Spiderman veut garder dans sa toile, dans sa poche, dans son cocon, traçant en moins de cinq minutes un trait sur sa résolution larmoyante. Voilà toute la différence entre un film sur un ado devenu héros et découvrant ce que c’est qu’être grand et responsable, et un film sur un ado devenu héros et se branlant à s’en démancher le poignet sur l’image de marque qu’il récupère, et le style, et les meufs. Pas que ce soit grave en soi - prenez Green Hornet ou Kick Ass, c'est la même chose et ça fait très plaisir - à ceci près que Green Hornet et Kick Ass sont ouvertement des anti-héros. Alors que Spiderman, bon...


 Je pourrais continuer comme ça pendant des heures. Tous les renoncements de cet Amazing Peter Parker sont des FAKE. Il ne s'agit jamais que d'un type capable de construire des toiles, métaphoriques ou non, pour capturer les gens, les manipuler et les bouffer. Spiderman plus que jamais, oh, sûr, mais alors, le comic est lu à l'envers.

 Spiderman, c'était d'abord et avant tout l'histoire d'un ado qui apprenait à ne plus être un homme-araignée, justement.

 

 Voyez le film et ne perdez jamais de vue toutes ces preuves de l'altruisme factice de Parker.
 Devenu un superhéros, il devient pas plus courageux, juste hyperviolent (coordinateur des cascades : Vic Armstrong ; légende à Hollywood, papa des combats d'Indiana Jones - Harrison Ford, oui oui, encore lui.) Quant à la meilleure scène du film, c'est celle où, ayant capturé un malfrat, il s'amuse à l'humilier : "yeah, this is kinda funny" - se comportant exactement comme le Spiderman noir de Spiderman 3, version cruelle du héros, qui mettait justement en question ce type de comportement.

Spiderman 3, toujours
La scène où Parker humilie devant sa famille le père de sa future petite-amie est révélateur aussi, vous verrez. Amazing Spiderman est une pub interminable pour l'arrogance et l'égoïsme ; on reprochait à Jacques Audiard de faire endurer à ses héros (Un prophète, De rouille et d'os) des supplices qui n'étaient qu'autant d'épreuves de la Star Academy - ce n'était rien à côté de ça.

 

 Peter Parker n'est plus qu'un ado gavé de sa puissance, barbouillant de sa vanité les murs de la ville - où est le plan où ses câbles pendent aux murs ? Ce plan-là manque. Où sont les conséquences de sa vanité ? Il ne suffit pas de ramener des œufs à sa tante, de pleurer et de sauver le monde pour cesser d'être un douchebag égoïste et narcissique.


Écoutez seulement le dialogue dans la scène du baiser, après la scène d'humiliation du beau-père.
 "I created him"
 "I need to talk about me"
 "I have to fix it" 
 Ses responsabilités ne sont que coquetterie, il les porte comme son skate sur le dos. Dans le fond, il n'est jamais question que de se faire le cul de Gwen Stacy avant qu'elle ait 18 ans. On se dit, allons, c'est fait exprès. Le narcissisme était au cœur de Spiderman 3, ils ne font que reprendre cette thématique-là. Eh non. Sous couvert de cours de littérature, Peter Parker reçoit à la fin du film un cours de scénario.
 Voici la leçon : "Il n'y a qu'un type de scénario. C'est WHO AM I ?"
 Tout est là, à ceci près que "Connais-toi toi-même" est devenu "Intéresse-toi à toi-même et deviens tellement cool que plus personne ne songera à te reprocher sérieusement de t'aimer autant."

 S'il n'y a qu'un seul plot au cinéma, c'est : comment je fais pour laisser les autres passer avant moi. Disons, dans 90% des plots, c'est ça. Le personnage doit devenir cette bulle permettant d'éterniser l'instant où un homme est arrivé à s'agenouiller devant la nécessité de sauver, de rendre service, ou de s'effacer.

 

  A l'origine, Spiderman existait parce que les ados pouvaient enfin dire d'un superhéros : "il est comme nous". Aujourd'hui, Spiderman ne fait plus que flatter les penchants égoïstes, narcissiques et stupides des jeunes avec un portable à la place de la main, et leur entourage enfermé dans ce portable. "Il est comme nous" est devenu : "je suis comme lui". L'accent n'est plus mis sur le fait que les superhéros peuvent être des adolescents, mais que les adolescents peuvent être des superhéros : Spiderman n'est plus que l'histoire d'un type qui s'aime déjà  beaucoup et apprend à s'aimer de manière décomplexée, tout en faisant en sorte que les autres se mettent à l'aimer aussi. Et le renoncement qui faisait toute la beauté (intérieure) de Tobey Maguire a disparu.

 

 Spiderman 3 était d'ailleurs le seul épisode à renoncer au finale éclatant avec un Spiderman de synthèse en vol. Il s'achevait sur cette dernière image, gros plan du héros dans les bras de sa bien-aimée.
 Nulle lueur de victoire dans les yeux de Peter Parker. 
 Il a retrouvé MJ qui lui a pardonné, certes, mais ne s'en réjouit même plus. Il pense à ce qu'il a perdu, à ceux qui se sont sacrifiés pour lui.
 Dans ce dernier plan de l'un des films les plus boursouflés de l'histoire du cinéma se cachait quelque chose d'infiniment précieux, et de plutôt rare. Ça coûtait cher. Mais c'était beau.


C.

6 commentaires:

Ed a dit…

Je t'en veux, tu sais...
Et tes larmes n'y pourront rien changer : je t'en veux.

Je t'en veux parce que tu as réussi à me convaincre. Pourtant, moi, je l'ai bien aimé quand même cet "Amazing Spider-Man". Je l'ai bien aimé pour une raison simple : je n'ai jamais tellement aimé les trois films de Raimi (malgré certaines qualités indiscutables).

Alors, je reprends : Sam Raimi est coupable à mes yeux d'avoir fait un peu n'importe quoi avec Spider-Man, et pire encore... de l'avoir fait avec talent, l'enfoiré !
Son Peter Parker est un semi-abruti (pardon, mais je n'ai jamais aimé les mines ahuries sous prétexte que ça fait geek de Tobey Maguire dans le rôle), un dépressif en puissance qui ne pouvait pas s'empêcher de ressasser ses problèmes existentiels à deux francs tous les deux entoilages. En plus, Raimi n'a jamais voulu d'un Spider-Man lycéen, alors il a tout fait pour faire sortir Peter des cours dès qu'il en a eu l'occasion... ce qui, certes, est une interprétation possible, mais élude quand même une sacrée dimension du personnage : son immaturité, son côté sale gosse qui joue avec ses pouvoirs est d'abord dû à son jeune âge. Et il apprend, de revers en revers...

Le problème des films de Raimi, c'est qu'ils ont un peu recomposé la grammaire des films de superhéros, de la découverte des pouvoirs aux dilemmes moraux en passant par la possibilité de retirer son masque en pleine action. Même le film de Webb est englué de cet héritage (et ce n'est pas le moindre de ses défauts).
Certes, Raimi n'est pas seul responsable de l'obsession actuelle du cinéma pour l'origine des héros : Christopher Nolan, tout génie qu'il soit, doit en porter aussi durablement la responsabilité. Il est loin le temps où Burton expédiait le meurtre des parents de Bruce Wayne en quelques plans... Aujourd'hui, il faut sans cesse réexpliquer comment un individu normal est devenu un grand héros.

A trop vouloir recomposer les origines (de façon totalement redondante après Raimi, ça, on est d'accord), "The Amazing Spider-Man" donne dans le long prolongue d'un potentiel épisode 2 que j'attends (personnellement) avec impatience...
Car malgré tous ses défauts - manque de souffle et, comme tu le soulignes, psychologie assez foireuse composée par des scénaristes qui ne comprennent rien aux relations humaines - j'ai préféré mille fois l'interprétation d'Andrew Garfeld à celle de Maguire (désolé...), Emma Stone est quand même moins nunuche que Kisten Dunst (la vache, tu vas me détester !) et le ton général du film me plait quand même nettement plus que l'atmosphère tout en toc de la trilogie précédente.
Ok, le Lézard n'est pas très beau, mais il a au moins l'avantage de nous épargner le costume hideux du Bouffon Vert et les dialogues de Power Rangers entre lui et Spider-Man auxquels on avait droit dans le premier film... Après, on n'évite hélas pas le problème majeur des méchants de Spidey au cinéma (ce sont tous des gentils qui ont mal tourné mais qui vont en partie se repentir), mais Webb a le bon goût de ne pas tuer son méchant à la fin, ce qui est une assez bonne idée en soi, car ça laisse des portes à ouvrir pour la suite.

J'ajoute juste un mot sur le non-respect de sa promesse par Peter à la fin du film... Pardon, mais pour le coup ce n'est pas Peter qui est un douchebag, mais plutôt le scénariste qui a mis un tel serment dans la bouche du Capitaine Stacy : cet aspect du film est totalement débile, inutile et grossier.

Allez, je me relis même pas... ce ne sont que quelques idées en l'air.
M'en veux pas trop !

Camille B. a dit…

Ed, pour quelqu'un qui ne se relit pas, tu fais vraiment peu de fautes, je t'envie. Bon, du coup, c'est moi qui t'ai relu. Deux fois ! Pas d'accord sur l'atmosphère tout en toc de la trilogie précédente, c'est sûr... Je comprends que Maguire ait pu saoûler... Le fait que ce film ne soit qu'un long prologue : encore quelque chose qui me gêne chez Marvel. On veut des films, les teasers y a internet pour ça. Après, je ne veux pas insister et ce que tu dis sur les méchants classiques, tout ça est franchement intéressant, je m'incline surtout parce que je connais que dalle aux comics d'origine. Peut-être que Parker ne doit être qu'un lycéen tête-à-claque qui ne ressasse pas son mal-être toutes les deux secondes. Mais alors je préfère le dépressif de Raimi !
En tout cas merci pour le long commentaire, et puis je vais continuer de pleurer alors, mais pour le plaisir, en bon co-dépressif, espérant que je te garderai convaincu quand-même qu'on est ici loin de ce que devrait être un vrai bon blockbuster estival (Nolan remettra tout le monde d'accord, sans doute !)

P.S. aujourd'hui une copine m'a dit qu'elle ne trouvait pas du tout Andrew Garfield beau gosse. Je me suis senti un genre de puzzle éparpillé. Il faudra qu'elle voie l'affiche chinoise du film...

Ed a dit…

En fait, si le film ressemble à un long prologue, c'est essentiellement parce qu'on repasse strictement par les étapes déjà développées chez Raimi : l'exposition, la morsure, la découverte des pouvoirs, la mort de l'Oncle Ben, le gloubiboulga sur les responsabilités, la rencontre et l'estime entre Parker et le (futur) méchant, le désespoir du scientifique, la naissance du monstre, etc. etc. etc.
Sans Raimi (mais un monde sans Raimi n'existe pas, on est d'accord), le film de Webb aurait clairement eu son intérêt. Avec, on peut difficilement évacuer la dimension de déjà-vu, particulièrement pénible.
Comme je le suggérais, j'attends vraiment qu'un studio ose prendre un héros grand public "au cœur de l'action", alors qu'il est déjà installé (ça semble être le cas pour le prochain "Daredevil"...).

Ensuite, les mecs de Marvel sont peut-être des gougnafiers, mais alors les gars du marketing de chez Sony emportent pour moi clairement le Douchebag Special Crap Award de l'année ! Oser nous vendre un film sous la slogan "The untold story" pour nous expliquer ensuite que la "untold story" on l'aura plutôt dans le 2... ou le 3 (hihihi lol xptdr on vous a bien eus), c'est un sommet du genre. Sans compter la scène "cachée" au milieu du générique, qui était carrément dans la bande annonce (ben tiens !)...

Bon. Mais je comprends le problème, maintenant : j'ai été biberonné au comics d'origine, dans lequel on voir Peter faire des blagues tout le temps et parler sans cesse de son statut, de ses erreurs, de ses doutes, de qui il est... La scène avec le voleur de voiture est, pour moi, assez représentative du personnage, au contraire.

Quant au blockbuster estival... mon Dieu : personne n'a songé une seconde à envisager autre chose que "The Dark Knight Rises", j'espère ?
(J'en peux plus d'impatience, perso...)

Camille B. a dit…

Douchebag Special Crap Award, j'aime beaucoup, j'achète, et j'en veux un. ils le méritent - à mes yeux chaque Marvel en mérite un ; mais peut-être qu'il est temps de cesser cette inquiétude et de revoir Avengers, peut-être les acteurs étaient-ils plus précieux que plastifiés, peut-être, à voir... triomphe de la laideur, royaume du fake... toutes ces histoires de reboot, c'est pour charger le plastique, lui donner du poids comme on en donne à l'or, mais c'est jamais que du plastique...j'ignorais qu'un nouveau Daredevil était sur le feu. vu le peu d'intérêt qu'on peut porter au héros, c'est vrai que pour donner du charme au film ils ont intérêt à se la jouer Quantum of Solace, action pure et dure et surtout immédiate. Non mais, de toutes les manières, tout ce qu'on peut dire risque fort de nous paraître bien obsolète une fois passé Dark Knight Rises, qui sera somptueux, ou ne sera pas.

Mimi a dit…

Bonjour,
Je trouve ça bien que chacun est un avis différent sur les choses, et la de ce film. Ça permet d'en discuter et de débattre (non, cette année je n'ai pas fait de philo, absolument pas!!!! XD C'est une impression!!! XP).

Personnellement j'ai adoré ce film. En fait, je n'avais vraiment pas aimé les Spider-man précédent. Je sais pas comment l'expliquer, mais je n'ai pas acceoché. Si je me souviens bien (ça fait quand même un baille que j'ai pas vu ces films), c'est à l'histoire que je n'avais pas accroché. Le premier méchant est un gars qui veux prouver qu'il peux rester le numéro 1 mondiale dans la science et qu'on ne peux pas lui retirer ses investissements (oh!!!! Ça me rappelle quelque chose, peut Fatalis dans les 4 Fantastiques), le second un scientifique dominé par sa technologie et qui perd les plombs après la mort de sa femme, le troisième une substance extraterrestre qui prend possession du héros puis d'un mec qui n'aime pas Parker. Je trouve le héros en lui-même pas crédible et peu interressant ("Ze suis un pauvre malheureux sans parents, qui vit chez sa tante et son oncle. Puis mon oncle meurt sans que j'ai pu me réconcilier avec lui, je me tape la fille qui me fais fantasmer depuis des années, mais uniquement après avoir reçu des super pouvoirs. Et en plus je suis moche" ce qui est à peu près la même chose que dans The amazing Spider-man mais la j'ai accroché). Donc, je n'aimais pas ces films.

Tu imagines bien que quand les cousins m'ont emmener au cinéma en me disant: "On va voir le nouveau Spiderman"; j'étais pas, mais alors pas du tout emballé. Et pourtant, j'ai adoré ce film. Peut être parce que le côté immature de Parker y est plus develloppé, qu'il prend conscience qu'il a quand même quelque responsabilité après le dîné chez Gwen où M.Stacy lui ouvre les yeux. Et malgres tout, même après la mort de Papa Stacy, il ne peux s'empêcher de tout oublier car son amour pour Gwen est trop fort. Je trouve qu'il évolue doucement au cours du film, même s'il a une rechute à la fin du film, et laisser le méchant en vie peut donner à penser que ce dernier aura un rôle à jouer dans une suite possible (y'a intérêt à avoir une suite). Il est vrai qu'il y a beaucoup de défaut, mais personnellement l'histoire m'a pris et je n'y ai pas apporté d'importance.

Bon, c'est vrai que j'aime pas Gwen, mais ça c'est normal. Je peux pas me voir toutes les midinettes qui embrassent les beaux héros sur lesquels je fantasme (sale peste qui joue le film avec lui!!! è_é).

Je trouve tout de même ton point de vue interressant, mais tu n'as pas réussi à me convaincre.

Mimi

Anonyme a dit…

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