Vous aussi vous avez un Picasso, un Modigliani, un Braque, un Matisse et un Léger à revendre ? Permettez-nous alors de très humblement rendre hommage à votre panache - en 12 vignettes tirées de deux scènes de musée dans lesquelles, à défaut de les faire voyager (un peu comme vous), les personnages voyagent dans les tableaux. Suivez le guide !
Nous commençons par la salle 1, La Nuit au Musée 2, de Shawn Levy (2009).
De dos, Amy Adams et Ben Stiller.
... Shawn Levy est le réalisateur de Crazy Night, actuellement à l'affiche. Après Ben Stiller, Seth Rotgen, Robin Williams, Alain Chabat et Hank Azaria, c'est au tour de Steve Carrell et de Tina Fey de passer chez Levy, dont la signature est de laisser aussi libre cours que possible à l'improvisation des comiques qu'il embauche (c'est plus laborieux dans La Nuit au Musée que dans Crazy Night)
... (si vous voulez bien me suivre)
Hasard du calendrier ou astuce des distributeurs, Crazy Night repose sur la même idée que le brillantissime Kick Ass, qui consiste à plonger des anonymes dans des situations de film (d'espionnage, de super-héros), et à les faire échouer. Il y en a un des deux qui s'oublie aussitôt refermé, je vous laisse deviner lequel (par ici s'il-vous-plaît)
Le concept de capture d'écran se heurte à ses limites : dans la scène que vous pouvez admirer, la trouvaille consiste à animer statues et tableaux. Là, tout est fixe, il va falloir imaginer un peu. Ce qui est intéressant, c'est que vous pouvez encore croire à deux statues, aussi solides que les deux personnages, tandis que ceux qui ont vu le film savent qu'il ne s'agit que d'images 3D.
Remarquez surtout, entre les tourtereaux, un morceau des Nymphéas. C'est l'une des meilleures trouvailles du film que d'avoir songé à systématiquement animer les tableaux, même lorsqu'ils n'apparaissent que très furtivement dans le plan. A ce moment-là, vous êtes censés regarder le Penseur de Rodin draguant la Grâce de marbre ; mais vous apercevez aussi, plus ou moins consciemment, le léger mouvement des nénuphars flottant au fond du plan...
Clin d'œil à Jeff Koons... c'est par là... Gag sur le volume, le poids de l'image de synthèse, qui est ici très lourde alors qu'il doit s'agir d'un ballon géant : La Nuit au Musée 2 était censé être le film des acteurs, c'est en réalité celui des animateurs.
Voici enfin, sur votre gauche, le dernier tableau de la salle 1 : un Jackson Pollock, en fond de plan, comme le Monet, et animé. Vous vous demandez comment on anime un Pollock. Bonne question. Les animateurs y apportent une très jolie réponse.
Une dernière chose avant l'entr'acte. Sur le plateau de La Nuit au Musée 2, il n'y avait dans les cadres que des fonds verts, puisqu'un tableau animé, en images de synthèse, était voué à y prendre place. Dans les bonus, Levy évoque avec humour la "green screen period" de l'art moderne {"l'ère du fond vert"}, mais il ne croit pas si bien dire. Souvenez-vous de notre post sur Dorian Gray. Basil Hallward avait beau peindre, le résultat était représenté par une image de synthèse. Green screen period par excellence. Ce qui devait être indicible, beauté ou horreur absolue de l'image, se représente aujourd'hui non plus grâce au pinceau mais à l'ordinateur, auquel on voue une foi totale.
***
(si vous voulez aller aux toilettes, c'est maintenant)
Nous voilà dans la salle 2 : Les Looney Tunes passent à l'action, de Joe Dante (2002). (On ne se moque pas, s'il-vous-plaît).
Vous reconnaissez ici une variation sur les montres molles de Dali. ... Pardon ? Qui est Joe Dante ? - Le réalisateur des deux Gremlins. Voilà. Quelqu'un de plutôt doué, donc. Participe aussi au film de Twilight Zone, avec Landis, Spielberg et Miller, en 1983. En tout cas, des Gremlins aux Toons, vous comprenez le rapport : de petites créatures incontrôlables piratent des artefacts de la culture occidentale. D'où, la présence de toons chez Dali. (vous avez trouvé le rébus au-dessus de leurs têtes ?)
Le tour continue...
... chez Munch (mon préféré). Même problème que pour Dorian Gray et Pollock : comment animer des tableaux dont la force et la complexité reposent justement sur l'indicibilité, la fixité, le silence ? Ici la réponse est basique, hein. On n'entend jamais qu'un cri chiant. Les Looney Tunes est un nanar et fut un bide, je vous rassure. On sent cependant percer la colère du réalisateur vis-à-vis des studios lorsque, après le générique de fin, un pirate se prend un bâton de dynamite dans la figure en lieu et place du jackpot qu'il s'attendait à recevoir.
Le film est mauvais, mais cette scène au Louvre est vraiment chouette. C'est comme ça.
Si vous voulez bien vous retourner :
Whistler au fond, Bosch au milieu, et devant... pfft (je débute, hein)
Un détour chez les pointillistes - Seurat ou Signac, en fait... -, prétexte à quelques bonnes trouvailles (les animateurs restent ceux qui se font le plus plaisir dans ce genre de situations)
BANG
(ce n'est peut-être pas très clair sans l'onomatopée, si ?)
- un dernier mot sur Joe Dante : il a tourné The Hole, qui devrait sortir en France courant 2010. Pourquoi c'est intéressant ? Parce que ce sera le prochain film en 3D stéréoscopique. Comprenez : non pas en 3D à l'arrache comme Alice ou Le Choc des Titans, mais en 3D façon Avatar. D'où un certain intérêt qu'on pourrait lui porter...
Bien ! La visite est finie. Mauvaises Langues vous remercie pour votre attention, et vous invite à revenir au prochain hommage à notre actualité brûlante ! (pour les pourboires, rendez-vous dans la case des commentaires)
Camille
Nous commençons par la salle 1, La Nuit au Musée 2, de Shawn Levy (2009).
De dos, Amy Adams et Ben Stiller.
... Shawn Levy est le réalisateur de Crazy Night, actuellement à l'affiche. Après Ben Stiller, Seth Rotgen, Robin Williams, Alain Chabat et Hank Azaria, c'est au tour de Steve Carrell et de Tina Fey de passer chez Levy, dont la signature est de laisser aussi libre cours que possible à l'improvisation des comiques qu'il embauche (c'est plus laborieux dans La Nuit au Musée que dans Crazy Night)
... (si vous voulez bien me suivre)
Hasard du calendrier ou astuce des distributeurs, Crazy Night repose sur la même idée que le brillantissime Kick Ass, qui consiste à plonger des anonymes dans des situations de film (d'espionnage, de super-héros), et à les faire échouer. Il y en a un des deux qui s'oublie aussitôt refermé, je vous laisse deviner lequel (par ici s'il-vous-plaît)
Le concept de capture d'écran se heurte à ses limites : dans la scène que vous pouvez admirer, la trouvaille consiste à animer statues et tableaux. Là, tout est fixe, il va falloir imaginer un peu. Ce qui est intéressant, c'est que vous pouvez encore croire à deux statues, aussi solides que les deux personnages, tandis que ceux qui ont vu le film savent qu'il ne s'agit que d'images 3D.
Remarquez surtout, entre les tourtereaux, un morceau des Nymphéas. C'est l'une des meilleures trouvailles du film que d'avoir songé à systématiquement animer les tableaux, même lorsqu'ils n'apparaissent que très furtivement dans le plan. A ce moment-là, vous êtes censés regarder le Penseur de Rodin draguant la Grâce de marbre ; mais vous apercevez aussi, plus ou moins consciemment, le léger mouvement des nénuphars flottant au fond du plan...
Clin d'œil à Jeff Koons... c'est par là... Gag sur le volume, le poids de l'image de synthèse, qui est ici très lourde alors qu'il doit s'agir d'un ballon géant : La Nuit au Musée 2 était censé être le film des acteurs, c'est en réalité celui des animateurs.
Voici enfin, sur votre gauche, le dernier tableau de la salle 1 : un Jackson Pollock, en fond de plan, comme le Monet, et animé. Vous vous demandez comment on anime un Pollock. Bonne question. Les animateurs y apportent une très jolie réponse.
Une dernière chose avant l'entr'acte. Sur le plateau de La Nuit au Musée 2, il n'y avait dans les cadres que des fonds verts, puisqu'un tableau animé, en images de synthèse, était voué à y prendre place. Dans les bonus, Levy évoque avec humour la "green screen period" de l'art moderne {"l'ère du fond vert"}, mais il ne croit pas si bien dire. Souvenez-vous de notre post sur Dorian Gray. Basil Hallward avait beau peindre, le résultat était représenté par une image de synthèse. Green screen period par excellence. Ce qui devait être indicible, beauté ou horreur absolue de l'image, se représente aujourd'hui non plus grâce au pinceau mais à l'ordinateur, auquel on voue une foi totale.
***
(si vous voulez aller aux toilettes, c'est maintenant)
Nous voilà dans la salle 2 : Les Looney Tunes passent à l'action, de Joe Dante (2002). (On ne se moque pas, s'il-vous-plaît).
Vous reconnaissez ici une variation sur les montres molles de Dali. ... Pardon ? Qui est Joe Dante ? - Le réalisateur des deux Gremlins. Voilà. Quelqu'un de plutôt doué, donc. Participe aussi au film de Twilight Zone, avec Landis, Spielberg et Miller, en 1983. En tout cas, des Gremlins aux Toons, vous comprenez le rapport : de petites créatures incontrôlables piratent des artefacts de la culture occidentale. D'où, la présence de toons chez Dali. (vous avez trouvé le rébus au-dessus de leurs têtes ?)
Le tour continue...
... chez Munch (mon préféré). Même problème que pour Dorian Gray et Pollock : comment animer des tableaux dont la force et la complexité reposent justement sur l'indicibilité, la fixité, le silence ? Ici la réponse est basique, hein. On n'entend jamais qu'un cri chiant. Les Looney Tunes est un nanar et fut un bide, je vous rassure. On sent cependant percer la colère du réalisateur vis-à-vis des studios lorsque, après le générique de fin, un pirate se prend un bâton de dynamite dans la figure en lieu et place du jackpot qu'il s'attendait à recevoir.
Le film est mauvais, mais cette scène au Louvre est vraiment chouette. C'est comme ça.
Si vous voulez bien vous retourner :
Whistler au fond, Bosch au milieu, et devant... pfft (je débute, hein)
Un détour chez les pointillistes - Seurat ou Signac, en fait... -, prétexte à quelques bonnes trouvailles (les animateurs restent ceux qui se font le plus plaisir dans ce genre de situations)
BANG
(ce n'est peut-être pas très clair sans l'onomatopée, si ?)
- un dernier mot sur Joe Dante : il a tourné The Hole, qui devrait sortir en France courant 2010. Pourquoi c'est intéressant ? Parce que ce sera le prochain film en 3D stéréoscopique. Comprenez : non pas en 3D à l'arrache comme Alice ou Le Choc des Titans, mais en 3D façon Avatar. D'où un certain intérêt qu'on pourrait lui porter...
Bien ! La visite est finie. Mauvaises Langues vous remercie pour votre attention, et vous invite à revenir au prochain hommage à notre actualité brûlante ! (pour les pourboires, rendez-vous dans la case des commentaires)
Camille
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