FROID : La Comtesse, de Julie Delpy.
Qui trop embrasse, mal étreint. La réalisation, la production, le scénario, la musique, le rôle principal : Julie Deply est partout, et pas toujours à bon escient. Sa musique est correcte, sa mise en scène dirigée d'une main de fer, son jeu d'une justesse d'autant plus frappante que celui de Daniel Brühl, excellent chez Tarantino, reste d'une fadeur agaçante. Cela reste bien fait, pourtant : belle lumière, scénario sans fioritures. On s'ennuie. Incapable d'asseoir sa tyrannie sur une idée vraie, Delpy nous donne à voir le film que tout le monde s'attend à voir sur Bathory. Il est difficile, sublime parfois, de peindre un monstre avec un pinceau mesuré. Mais, sous couvert de refuser l'excès, Delpy renonce surtout à prendre des risques. Presque pas de sang, sinon dans une fin aux allures de Coppola délavé, presque pas de chair. C'est peut-être juste. Mais de suggestion en désincarnation s'étiole inévitablement, et c'est dommage, ce peu de poésie que nous venions chercher, à défaut de sang.
TIEDE + : Iron Man 2, de Jon Favreau.
TIEDE + : Iron Man 2, de Jon Favreau.
Voilà ce qui arrive quand on fait une suite en resservant au public ce dont il s'est déjà délecté. A trop vouloir doper les qualités d'un premier volet excellent, Favreau finirait presque par nous énerver. C'est comme les muscles. Stallone dans le premier Rocky, c'est frais, c'est ferme, c'est viril. Dans Rambo, post-surgonflette et/ou substances illicites, ça fait quand même un peu peur.
Ne crachons pas sur la soupe, Iron 2 se laisse regarder : quelques fautes de goût grossières (la séquence psy "j'affronte mes vieux démons/ mon père", complètement hors propos), un traitement inégal de l'image (même si l'animation de l'armure est toujours un bonheur), mais un trio d'acteurs solide, avec suffisamment de culot pour assumer non sans panache le bon et le mauvais. Rourke, dans un rôle de méchant pas original du tout, pousse dans le cliché avec un sans-gêne qui tournerait presque à la classe. Downey Junior est toujours cabochard comme personne : c'est un genre, il faut aimer. Et Gwyneth Paltrow, oui, Gwyneth Paltrow, retrouve pour la seconde fois en Pepper Potts l'un de ses meilleurs avatars : coincée, crispée, franchement mignonne. Il en manque une, me direz-vous, si vous avez vu la bande-annonce. Moi aussi, j'avais vu la bande annonce, et je vous le confirme : contrairement à ce qu'il nous avait dit, Favreau a réussi le prodige de ne faire venir sur le plateau que le postérieur de Scarlett. Le reste, pas vu.
Alors, entre les répliques-qui-tuent plus ou moins réchauffées (mais il en reste de très très bonnes), le scénario rustique, les grosses ficelles en tous genres, délires pyrotechniques et postérieurs avantageux, Favreau est-il plouc ou puissamment désinvolte ? C'est toute la question.
TIEDE ++ : Green Zone, de Paul Greengrass.
Un film de plus sur la guerre, un film de plus sur l'Irak. Ca bouge beaucoup au début et à la fin, et au milieu, ça parle. Le message est clair : Matt Damon a beau être la tête d'affiche, les tribulations de Jason Bourne sont loin. Green Zone n'a ni la maestria de La chute du Faucon noir (Ridley Scott, 2002), ni la virulence du diptyque Outrages/ Redacted (Brian De Palma, 1989 & 2007), ni les grandes scènes de guérilla urbaine de Blood Diamond (Edward Zwick, 2006) ou Démineurs (Kathryn Bigelow, 2009). Alors ? Il y a toujours, et ce n'est pas rien, la touche Greengrass, identifiable en quelques plans : cette image jamais fixe, ce cadre sans cesse refait, comme par un œil frénétiquement curieux, jamais las de chercher ce qui doit être vu. Ce grain qui tend parfois à la noyade dans les pixels. Mention spéciale pour la scène de course-poursuite nocturne, dans laquelle on ne voit rien, dans laquelle on voit tout. Cet homme doit tuer plusieurs cameramen à chaque tournage. Cet homme est fou. Mais il a l'œil.
CHAUD (!) : Robin des Bois, de Ridley Scott.
Oh, comme ils sont méchants. J'en entends des vertes et des pas mûres sur ce Robin des Bois qui m'a fait passer, ma foi, un très bon moment. Je vous l'accorde, le casting aurait pu être plus inspiré : on a déjà vu Russell Crowe dans ce rôle, et on aurait aimé, pour une fois, un Robin des Bois ambigu, voleur autant voire plus que roi. Blanchett fait Blanchett, Seydoux aurait mérité un vrai rôle ou une coupure au montage, Mark Strong monopolise décidément l'emploi du mec qui, ne servant à rien, peut être mis partout. Aucune personnalité, aucune profondeur : c'est Le Méchant. Cependant, sa dernière seconde à l'écran rattrape tout le reste. Et puis la musique, très correcte, n'a vraiment rien d'exceptionnel : une sorte d'avatar de Zimmer sans son gimmick noire-pointée-noire-pointée-trois-croches-deux-doubles.
CEPENDANT Ridley Scott sait toujours filmer des batailles comme personne, et ne filme jamais deux fois la même, si vous ouvrez les yeux. Non, les batailles en forêt ne sont pas celles de Gladiator : voilà un réalisateur qui réinvente sans cesse son rapport à la caméra, sans rien perdre de ses qualités de rythme, galvanisant sans jamais donner la migraine. La grande bataille de fin sur la plage est une merveille du genre. Ajoutez à cela un scénario intelligent, qui a le mérite notable de ne pas suivre l'histoire-telle-que-tout-le-monde-la-connaît, et l'ambition de jouer sur tous les tableaux, donnant enfin à l'Histoire la priorité sur la romance, qui avait déjà fait subir à Robin le désastre que l'on sait.
Enfin, et au risque de passer pour ce que je ne suis pas, je trouve reposant de pouvoir encore compter sur des cinéastes qui savent toujours faire un film sans montrer de seins et noyer le tout de sauce hémoglobine. Et je persiste à croire que c'est l'une des raisons majeures de son bide cannois auprès d'un public antéchristophile.CEPENDANT Ridley Scott sait toujours filmer des batailles comme personne, et ne filme jamais deux fois la même, si vous ouvrez les yeux. Non, les batailles en forêt ne sont pas celles de Gladiator : voilà un réalisateur qui réinvente sans cesse son rapport à la caméra, sans rien perdre de ses qualités de rythme, galvanisant sans jamais donner la migraine. La grande bataille de fin sur la plage est une merveille du genre. Ajoutez à cela un scénario intelligent, qui a le mérite notable de ne pas suivre l'histoire-telle-que-tout-le-monde-la-connaît, et l'ambition de jouer sur tous les tableaux, donnant enfin à l'Histoire la priorité sur la romance, qui avait déjà fait subir à Robin le désastre que l'on sait.
BOUILLANT : Kick-Ass, de Matthew Vaughn.
L'ultime dégénérescence de Superman, version crasse de l'excellent Watchmen (Zack Snyder, 2009), est un délice de tous les instants. Une belle brochette d'acteurs inconnus pour la plupart (exception faite d'un Cage des très bons jours, et d'un... Mark Strong absolument et complètement égal à lui-même - voir plus haut), de vraies scènes d'action, des rafales de références à l'univers des Comics mais également du grand cinéma d'action (Chloé Moretz en mini-Trinity dans la dernière baston, ça vaut le détour), donc un film de geeks, oui, mais pas seulement, des dialogues acérés, une violence entre fou rire et gloups, un humour défrisant jusqu'à n'être presque plus drôle, même au vingtième degré. L'anglais achève de massacrer le super-héros américain avec une vivacité et une intelligence aussi dérangeantes que virtuoses : ça secoue les tripes et les neurones, ça se déguste et se redéguste sans faim (demandez à Elise), c'est délicieux, vraiment.
Noémie.
3 commentaires:
Kick-Ass : Le voir trois fois. Déclarer à qui veut l'entendre que c'est le meilleur film de 2010. Poser une option sur Clark Duke.
Vu La Comtesse : je suis nettement plus froid que vous, glacial même, arctique.
Et j'aurais vu Kick-Ass & Robin Hood si le ciné de Rouen ne passait pas ces films en fucking VF...
Greeat reading
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