22 mars 2010

La princesse et la grenouille (Musker & Clements, 2010)

Back to basics


Voilà un film sur lequel je m'étais jurée d'écrire un bel article. Je l'ai vu en avant-première, j'avais le temps. J'ai tout essayé, ça ne venait pas. Pas d'idée satisfaisante, et surtout, aucune envie de répéter le peu que tout le monde avait trouvé à dire : le retour de Disney à l'animation 2D, la première princesse noire, et bla et bla et bla. Pourtant, quand j'ai vu qu'il avait été supplanté par Up aux Oscars (que j'ai aimé, là n'est pas la question), j'ai été un peu énervée, j'ai commencé à me dire qu'il fallait s'insurger, d'une façon ou d'une autre. Pour finir, c'est ma soeur qui s'est insurgée, contre moi et Mauvaises Langues, parce qu'on n'avait rien dit de La princesse et la grenouille, alors qu'on l'avait promis à Zuzu qui nous avait si gentiment permis de le voir. Or donc, me suis-je dit, il est vraiment temps de réparer le mal.


Nous autres geeks de Disney (voilà, c'est dit), on était très angoissés bien avant la sortie du film parce que John Lasseter (monsieur Pixar, le nouveau chef de la boutique, pour ceux qui ne se tiendraient pas au courant) avait laissé entendre que si cette tentative de retour à l'animation traditionnelle ne fonctionnait pas, il y renoncerait définitivement. Et c'est vrai qu'après les plantades tonitruantes d'Atlantide, La planète au trésor et La ferme se rebelle (gros wtf : !), on était inquiets, tous geeks que nous sommes [NDA : je n'ai vu que le premier des trois, et je regrette de vous dire que c'est en effet mauvais, à l'exception d'une réplique inénarrable qui mettra la larme à l'oeil -de rire- aux initiés.]


Lorsque le film est sorti après des mois d'angoisse, on était très contents. La princesse et la grenouille (tous les geeks vous le diront) a tout ce qu'on peut attendre et aimer de la part de Disney. C'est très joli, d'abord. Oubliés, les visages carrés d'Atlantide et les muscles en tire-bouchon d'Hercule, on revient à une ligne plus douce, celle qui nous a donné les plus belles images de La petite sirène ou La belle et la bête. Ce qui est assez amusant, d'ailleurs, c'est que graphiquement parlant le film a vraiment valeur de somme. Lasseter a voulu réunir la meilleur équipe et exiger d'elle ce qu'elle a pu nous donner de mieux : Tiana a les mimiques de Mulan, les passants semblent sortis de Rhapsody in Blue et le méchant Dr. Facilier marche et danse comme un Jafar qui aurait avalé le Génie.


Et puis, c'est très drôle. Le tandem Ray-Louis (Nouvelle Orléans = Jazz = Ray et Louis, vous suivez ?) vaut largement Timon et Pumba (grands musiciens aussi, vous en trouverez la preuve ). Et je ne vous parle pas de Joujou le serpent inutile et de Mama Odie dont la performance gospel vaut aussi son pesant de gombo (c'est par ici).

Et puis, c'est très joli. Comment, je vous l'ai déjà dit ? Ah mais je ne vous ai pas parlé des décors : la Nouvelle Orléans et ses bateaux à aube, le bayou, l'antre mystérieuse où le Dr. Facilier abrite ses mystérieux amis de l'au-delà... (attention, c'est culte). L'histoire est charmante, et la structure classique du conte trouve loin de l'Europe, dans les couleurs jazzy de Randy Newman, une fraîcheur et une énergie nouvelles. Oui, disons-le tout net, on a été émus : la chanson de Ray à Evangeline, on a aimé. Comment ça, c'est cucu ? Les amis, on parle Disney, pas de malentendu. Si vous avez envie de sérieux, allez donc lire ceci ou cela.

Ah, et puis pendant que j'y pense et à propos de malentendus : merci à la pwahahahihihihouhouhou critique de Mme G.O. de Télébanana (je n'y peux rien, c'est encore elle), qui pointe une fois de plus et bien malgré elle les méfaits de la désinformation en nous expliquant que Disney a attendu l'élection d'Obama pour promouvoir une princesse noire (on lui rappellera gentiment que le type européen connaissait des variantes depuis longtemps : Mulan était quand même un peu bridée et Jasmine plutôt bronzée. Et par ailleurs, que le projet de La princesse et la grenouille est bien antérieur à ladite élection, et même à l'annonce de la candidature d'Obama. Nous, à Mauvaises langues, on vérifie nos sources.). Surtout, elle trouve que le propos social du film est scandaleusement insuffisant. Le jour où les contes feront du social, chère madame, on ira s'exiler sur la Lune en espérant que ses habitants arrivent encore à parler autre chose que politique.


Or donc chers amis, si vous n'avez pas totalement renié le petit vous-même qui connaissait Sous l'océan par coeur et pleurait toujours à la mort de Mufasa (non, je ne mets pas de lien, c'est trop triste), allez donc voir La princesse et la grenouille : un bon Disney (quoi qu'on en dise) n'a jamais fait de mal à personne, et c'est un vrai bon Disney, parole de geek. Je vous promets que dans un moment d'absence certains d'entre vous se prendront même à tenter le 3615 Evangeline : un grand classique qui n'a jamais aussi bien fonctionné. Je ne sais pas si ça marche. Mais j'en connais qui ont déjà tenté le coup...

Noémie.

PS : Si vous avez envie de poursuivre, l'article de geek, le vrai, l'ultime, il est , chez Zuzu, bien sûr.

2 commentaires:

Marie a dit…

Oh génial, merci pour cet article :-) Très bien raconté, avec des tas de liens comme j'aime (je ne connaissais pas rapsody in blue, tu te rends compte ?) et qui donne envie d'aller voir le film... que demande le pipole ?

Dis moi, je ne voudrais pas mélanger les torchons et les serviettes, mais auriez-vous une petite critique d'Alice au pays des merveilles en prévision ? C'est que j'en lis des choses pas toujours très flatteuses (genre là : http://cinema.fluctuat.net/blog/42861-2000-2010-l-etrange-gamelle-de-tim-burton.html) alors je me demande.

Merci encore :-)

noémie a dit…

Quel enthousiasme ! :-D

Pour Alice, nous publierons évidemment une critique dès que nous l'aurons vu, ce qui ne saurait tarder...