2 janvier 2012

Hugo Cabret ou la recette du Quatre-Gare

Il y a un poncif de la critique que l'on a énormément retrouvé dans les textes sur Hugo Cabret : l'hypothèse entre parenthèses. C'est-à-dire qu'on ne sait jamais vraiment dans quelle gare se passe le film (Montparnasse ?) (voilà, c'est un exemple.) C'est certes dans celle-là que Méliès a tenu son magasin de jouets dans l'anonymat le plus total de 1924 à 1928 (bien moins longtemps qu'on se le romance, en fait). Seulement Montparnasse n'est qu'une partie du puzzle qu'est la Computer Generated Gare parisienne du dernier Scorsese.

(le plan-séquence d'ouverture, dont voici la première image, est le seul à avoir été finalisé par ILM)

La recette exacte, la voici :

- De la gare Montparnasse, on ne garde que la façade, celle qui a été rendue célèbre par la photo de la locomotive ayant traversé une baie vitrée et s’étant écrasée sur le pavé, un jour d’octobre 1895 (certains chanceux ont peut-être la variante de cette image, avec écrit SHIT ! en gros à côté). La Gare Montparnasse ayant été complètement refaite dans les années 1960, c’est sa façade de 1930 que l’on retrouve dans le film.

- L’intérieur de la gare du film est en revanche inspiré de la halle de la Gare du Nord.

- L’horloge derrière laquelle se cache Hugo est celle du musée d’Orsay – ancienne gare, n’est-ce-pas;

- Quant au beffroi, c’est celui de la Gare de Lyon.

- Cela dit, le petit escalier derrière la Gare qu'emprunte Méliès pour rentrer chez lui indiquerait plutôt la Gare de l’Est ;

- Et lorsque Hugo est sur le pont derrière Notre Dame avec Chloé Moretz, et lui indique la gare où il vit, on peut la voir depuis le pont : ce qui situe plutôt la gare de Cabret à la place de la Gare d’Austerlitz.

Bon, ça fait plus de quatre gares, tant pis pour le jeu de mots. C'est que l'expo placardée devant la Gare de l'Est ne mentionnait pas les deux dernières (une expo qu'absolument personne ne s'arrête pour lire mais en même temps, qui a envie de s'arrêter lire à cet endroit-là, je vous le demande ; les taxi et les bus vous passent au ras des genoux, vous avez votre train à prendre et votre valise pèse dix tonnes : on n'a pas idée.)

Quant à l'accident, il n'a fait qu'un mort. Une vieille dame qui tricotait au pied du mur et s'est pris une brique...

C.

P.S. Au cas où nous n'aurions pas le temps de vous poster une critique - une précision d'importance capitale : voyez-le en 3D. Comme dans Avatar et Transformers 3, l'avantage principal est la texture du métal, qui s'en trouve magnifiée (sans parler du fait que cette belle illusion aurait fait fondre Méliès)

4 commentaires:

Ed a dit…

La vache, je viens de le voir et j'ai chialé... comme un gosse. Une ode pareille au cinéma, ça m'a fait fondre complètement.
Sans compter le pied que j'y ai pris...

Il va falloir que je me pose des questions, là, je pense.
C'est grave, selon vous ?

Camille B. a dit…

C'est tout-à-fait normal. Scorsese est un grand génie. Un roi du bonheur. Voir New York New York, Aviator, Affranchis : les films les plus euphorisants du monde. Hugo Cabret lui permet enfin de rester euphorique du début à la fin, et même plus encore à la fin (le moment où habituellement il éclate ses personnages contre un mur). Forcément que ça fait de l'effet...

Ed a dit…

Eh oui, quel génie...
Mais tu sais, je crois que mon émotion venait moins de l'histoire d'Hugo (et encore : c'était quand même foutrement bien fichu !) que de cet hommage flamboyant à Méliès, jusque dans les trahisons de l'histoire, et cette célébration amoureuse du cinéma, du rêve et de la création ! Là, pour le coup, j'avais vraiment les yeux humides tellement c'était beau.

Et le plus fou, c'est qu'on connaît Scorsese. Mais j'ai le sentiment que d'année en année il réalise de plus en plus des "films de jeunesse". Comme s'il menait sa carrière à rebours.

Camille B. a dit…

Comme Coppola, comme Lucas...