16 mai 2011

Mercredi 26 octobre 2011


Pas de surprise : Spielberg réussit la prouesse de ne pas décevoir après deux ans d'attente et d'idéalisation du résultat. La musique y est pour beaucoup, toute en cordes ; on dirait que Williams a tourné sa page expressionniste (Minority Report, Guerre des Mondes, et dont on retrouvait des morceaux à la fin d'Indiana Jones 4). [si quelqu'un l'a déjà entendue ailleurs, merci de me détromper !]

Le plan final, s'il résonne avec Pirates des Caraïbes 3 (décidément), indique un film abstrait, le premier du réalisateur ; soit une liberté totale prise avec l'image qui, comme dans Kick Ass par exemple, renoue avec la liberté totale du dessinateur devant sa feuille de papier. Tintin est bien une adaptation de comics.

La seconde réussite, qui donne bien l'impression que la confrontation entre la 2D par excellence de Hergé (ligne claire, aucun relief) et la 3D par excellence du film (système Avatar), c'est ce coup de poing filmé par au-dessus : aérien, svelte, à 10 000 lieues des mandales à la Indiana Jones. Et même quand Tintin sort dans la rue en courant. Décor et lumière sortent du Troisième Homme, mais le personnage n'est pas de chair et de sang. Trop léger. Il est en papier.

Clin d'oeil à la 2D et au cinéma des origines dans ce plan où Tintin révèle d'abord l'ombre de la Licorne à travers un drap, projetée par sa torche. Du coup, dans le travelling autour de la vitrine qui suit, on a déjà l'impression d'une progression vers quelque chose de plus spectaculaire, on en a déjà pour notre argent : l'ombre en 2D est devenue une splendide maquette en 3D. C'est là qu'intervient le plan final, qui annonce que le film repousse les limites : d'ombre à maquette, le bateau devient finalement véritable navire de pirates sur une mer déchaînée. Le fait qu'on y arrive par paliers accentue l'effet d'immersion du spectateur dans une autre réalité. Par opposition à Pirates 4, qui ne peut plus que jouer de son artificialité - et virer à la comédie musicale, cf.post précédent.

Il y a deux trailers différents. Dans celui que j'avais vu, qui n'est pas celui que nous avons posté ici, la dernière réplique n'était pas "we can't turn back now, not now", mais : "what's the name of this boy, again ? Tintin." Jamais compris pourquoi ce genre de détail pouvait changer. Autre détail, tant qu'on y est : regardez les publicités sur le journal qui cache les visages de Dupont et Dupond. C'est une initiation à la manière de les différencier, c'est-à-dire par la moustache : le premier a une moustache droite, et se retrouve derrière une pub pour un balai, l'autre a une moustache arrondie, et se tient derrière une pub pour une ventouse.

Belle musique, liberté de l'image, et des plans simples aussi beaux que tous les autres : 72 secondes pour rappeler qui est le chef.


C.

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