
A l'horizon de l'Histoire, le ciel est d'un gris qui hésite entre le sombre et le clair, sur cette absence de mer striée à perte de vue d'étendards. Pyramides de symboles comme tremblées sur le sable.
A moins que les signes ne soient des souvenirs, et les marcheurs des pèlerins louvoyant entre les signes, sur une mer de dunes. A l'horizon, si l'on ferme à moitié les yeux, les rangées d'étendards deviennent rangées de lance, mirages invoqués des vieux combats. Histoire à faire ou à redire inlassablement, l'horizon reste gris, voilé, silencieux. Il n'y a plus de signes qu'éparpillés sur le sable, dessous le ciel où rien ne s'écrit. Et dans l'ombre des pèlerins, les ouvriers. Ou peut-être est-ce l'inverse. Faire ou refaire, dire ou redire l'histoire avec du sable et des souvenirs.

La ville et l'Histoire ordinaire. Enlevez les affiches, oubliez l'étendard, il ne reste plus rien du passé des batailles que ces mots échangés dans une boutique éclairée au néon, comme on échangerait autour d'un café quelques brèves de comptoir. Avec tant de sérieux pourtant, dissimulé sous un humour forcé, comme s'il fallait en avoir honte. Rire de soi pour ne pas rire des idoles. De ce spectacle politisé de l'humour naît une gêne sur laquelle il est difficile de mettre un nom, tant il est dérangeant de sentir, au détour d'une boutade, la timidité profonde de ces hommes souriant sous le regard de Dieu.
Quelques femmes, pourtant, paraissent rire des yeux et du cœur. Peut-être s'amusent-elles du témoin, ce héros picaresque moderne qui en saura d'autant moins, telle est la règle, qu'il multiplie les questions. Peut-être ont-elles toujours été meilleures actrices : femmes transfigurées en concepts sous l'uniforme de la foi. Deux yeux et une bouche où viennent se concentrer les signes et les silences, et les sourires immenses, dans l'embrasure du voile redessinant le corps en étendard.

Poussée de rouge et vert dans la poussière et l'ombre. Eux paraissent savoir. Moi, de la première à la dernière image, j'ignore toujours quoi faire du mot martyr.
Noémie.
1 commentaire:
Ce pays me fascine. Dans le sens qu'il m'attire et me fait peur à la fois.
Martyr... j'ai bien ma petite idée, mais j'irai voir le film pour t'en dire plus ;)
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