23 décembre 2011

Hots Shots de fin d'année

Deux films qui n'ont rien à voir

MI4 : Protocole Fantôme, de Brad Bird

Il n'y a pas moins intime qu'un Mission Impossible. Néanmoins, y consacrer sa pause digestive du début d'après-midi, dans l'IMAX désert (si) du Disney Village, aurait presque été synonyme de confort sans un épisode de voltige à Dubaï très contrariant pour l'estomac. Nous étions sept dans la salle, l'écran immense, avec tout un abîme à nous partager. Ca fait beaucoup de vide par personne. 


Dans cette atmosphère cosy à laquelle il ne manquait qu'une tasse de thé et quelques scones, nous avons passé un fort bon moment. On peut penser tout ce que l'on veut de Tom Cruise, sa scientolographotétraparanormologie, sa fille en talons hauts et sa femme sous Prozac, ce qu'il fait est toujours bien fait. Pas de surprise : ce MI4 est exactement ce qu'un MI doit être. Un feuilleté action/plan d'action croustillant et bien doré à l'image de synthèse, moelleux à l'intérieur comme le muscle bien entretenu du quinqua nouvelle génération, aux réflexes pyrotechniques et au cheveu brillant. Presque rien n'est crédible et tout est très joli. 


Le problème avec les films honnêtes, c'est qu'il se trouve toujours quelques énergumènes prompts à se jeter dessus pour y plaquer avec du gros scotch quelques méditations sur l'art, les théories de la représentation et du récit, les supposés sous-textes politiques, et la vie même. A chaque saga ses thuriféraires de la dernière heure, comme à chaque guerre ses résistants de la dernière seconde : pour le plaisir gratifiant de médire du dernier-né, on se met à trouver dans ses prédécesseurs des trésors de philosophie, un génie de l'intrigue, une vraisemblance aussi souveraine que la main de Dieu sur la glaise où s'esquisse l'homme, un gros paquet de sens. Mais je m'égare. De quoi parlions-nous donc ? De La Démocratie en Amérique ? De Jean-Luc Godard ? Du Pari pascalien ? Tout cela n'a pas grand-chose à voir avec Mission Impossible, à un détail près : moi aussi, je parle en code. Mais vous l'aviez compris. 

Une petite photo bien lol de Léa Seydoux pour terminer. 
On t'aime Léa, même quand on ne comprend pas très bien ce que tu mimes. 
Ni à quoi tu sers.

Shame, de Steve McQueen

En guise d'apéritruc, une salve d'applaudissements pour notre bien-aimé confrère F. de A nous Villiers-le-Bel qui nous rappelle avec un imparable sens du détail que le Steve McQueen dont il est question est "le réalisateur de Hunger, pas l'acteur mort"*. 

(...)

Revenant à mes moutons, la petite blague faite, je n'ai plus du tout envie de rire. Le film de Steve McQueen est de ces constructions intransigeantes qui lentement mais sûrement vous prennent à la gorge et vous désarment, tout envahis d'une implacable lourdeur d'être. Une palette de lumières blanches déployées sur des images toujours un peu trop longues, pour que nous soyons obligés de voir. Une filature sans clefs, sans expertise, partageant avec sa cible un glaçant inconfort. 


Poussant les portes du Max Linder, nous pensons être prêts pour Shame. Nous croyons, comme souvent, qu'il suffit de savoir de quoi parle le film. S'il doit parler de nous, nous arrivons comme brisés d'avance, tout frémissants, presque flattés, le mouchoir dans la poche. S'il doit parler d'un autre, nous entrons dans la salle comme on en sortirait, tranquilles et propres sur nous, l'oeil connaisseur. 


Que s'est-il donc passé ? A croire que nous venions observer l'Autre, nous en sommes ressortis tout nus, et plus fragiles, avec la certitude inattendue que Shame n'avait jamais parlé que de nous. La peau à vif, comme si à détailler Brandon, son âme avec son corps, nous avions oublié le nôtre dans la neige, des heures durant, des heures. 


Noémie

* Authentique.

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