29 novembre 2011

Teen-movies et littérature classique

Dans mon post d'hier, il y avait une capture d'Easy A, avec Emma Stone. L'occasion de constituer l'un de ces coffrets DVD de Noël rêvés comme on (je?) les aime :

Les Adaptations de Romans Sentimentaux en Milieu Scolaire. (29,99€)

Les Américains en raffolent (enfin, il y en a trois) et un certain Français Très Français s'y est essayé aussi.


Easy A se veut une adaptation de La Lettre Écarlate, par exemple.

Personne ne le dit, évidemment.
















Bon, et puis, on se souvient tous de Cruel Intentions, adapté de Laclos. D'ailleurs : si quelqu'un lit ces quelques phrases perdues, sachez qu'il existe une suite à Cruel Intentions : Cruel Intentions 2 (eh oui). Amy Adams, débutante, remplace Sarah Michelle Gellar dans le rôle de Merteuil. C'est un de ces films où Adams fait sa Mel Gibson : elle se vautre dans la boue. Espèce de perversion bizarre, à la Deneuve dans Belle de Jour, qu'elle reproduit dans plusieurs autres de ses films (Il Etait Une Fois, Donne-moi ta main) - le genre de truc qui fait bander Aronofsky, en somme.


J'aurais aimé gardé La Belle Personne pour la fin, mais disposer les images de ce post me colle la migraine. La Belle Personne, teen movie tourné à Molière, dans le XVIe : voilà tout.


Impossible de réussir à placer correctement Emma et l'affiche de son adaptation, Clueless, sorti en 1995, à l'époque où nous pensions encore qu'il ne fallait pas regarder ce genre de films bêtes. Paul Rudd y tient l'un de ses premiers rôles. (Puisqu'on parle de ceux qui ont débuté dans de bons films bêtes, rappelons Chris Evans, aka Captain America, quarterback chantant de Sex Academy.) Comme dans Easy A, le personnage principal de Clueless, joué par Alicia Silverstone et sa bouche, s'exprime dans un anglais châtié qui constitue le souvenir des textes d'origine, signés Austen ou Hawthorne.

Dans tous les cas, ce langage fait du personnage principal une sorte de freak trop doué pour son âge, le résultat ayant plus de piquant dans Clueless puisque la fille plutôt intelligente y est dépeinte comme la sotte de service, tandis que les jolies phrases d'Emma Stone dans Easy A servent surtout à l'accouchement du personnage cinématographique de l'actrice - celui qu'elle tiendra, en gros, dans la majorité de ses rôles : une fille plutôt douée que son bel esprit marginalise un peu, une beauté trop intelligente pour son entourage (voir, déjà, Supergrave et Crazy Stupid Love).

En fait, le beau français et l'articulation très-lyrique des bobos d'Honoré correspondent aussi à cette rémanence du matériau d'origine dans les dialogues. Pas qu'ils s'expriment comme Madame de La Fayette, mais peu de monde, même rue du Ranelagh, se fendrait d'un superbe "je suis dans une absolue détresse amoureuse", comme le fait alors Garrel.

Pourquoi, mais alors pourquoi me casser ainsi la tête sur ces films-là, maintenant, soudain ? Et vous bassiner avec ?

Tout a commencé quand Easy A s'est retrouvé en occase à Gibert - Amy Adams, Emma Stone, je serais prêt à regarder n'importe quelle daube pour regarder jouer ces deux-là (et encore, je n'ai pas été voir La Couleur des Sentiments). Quelques jours plus tard, Thursday Night Live au Studio des Ursulines (près de la rue d'Ulm, je crois) : cinéclub des 3e jeudi de mois spécialisé dans la comédie américaine. La dernière fois, c'était Clueless... La Belle Personne est typique des films de novembre, sans un seul rayon de soleil, comme si la lumière avait été le cadet des soucis du réalisateur. Ronin est comme ça aussi. Mais le lien entre Frankenheimer et Honoré ne suffirait pas à faire un coffret 2DVD pour Noël, je pense, même à 9,99€.

Depuis vous-savez-quoi, il est devenu impossible de finir le moindre discours par "bref, ...". Ce n'est pas plus mal. Il faudrait créer une série qui s'appellerait "donc voilà", ça ferait du ménage.

Pardon encore pour le casse-tête visuel. A la prochaine.


Camille.

3 commentaires:

Ed a dit…

Déjà que ton dernier post m'a fait repenser pendant deux jours à "Easy A", il fallait vraiment que tu en remettes une couche ?!

Je n'ai pas vu les deux derniers films que tu cites. Et concernant "La belle personne", c'est pas faute d'avoir essayé... mais je ne suis jamais arrivé à une envie de sons mats et d'image grisâtre suffisante pour me refarcir un film d'Honoré, ces derniers temps.
En revanche, "Cruel intentions" (ouais, le titre original permet d'en parler sans se payer trop la honte), je l'ai longtemps tenu pour une bien plus fidèle adaptation des "Liaisons" que les films de Stephen Frears et Milos Forman, pour ne parler que des plus récents (et essayer d'oublier la version télé de Josée Dayan). Ne serait-ce que parce que l'âge des personnages y est bien mieux respecté, ce qui donne un supplément de souffre à l'histoire. (Bon, et puis, soyons sérieux une minute : John Malkovich en Valmont ? Vraiment ?...)

Camille B. a dit…

Clueless, à voir absolument. Dans La Belle Personne, il y a une vraiment jolie scène avec Lucia di Lammermoor... A voir sur YouTube si tu veux éviter de te farcir 1h30 de Louis Garrel tendance-L'humeur de Louis Garrel (blog marrant). John Malkovitch m'a jamais trop déplu en Valmont, ahem... En revanche, il y a en ce moment à Paris une mise en scène des Liaisons par lui, avec des jeunes façons Sex Int. qui s'envoient des sms. Là, ça promet...

Ed a dit…

Nan, mais en fait... euh... ben... (petite voix honteuse) j'ai jamais trop aimé Malkovich.
Kof ! kof ! kof !

Je tenterai "Clueless" si j'ai le temps un de ces jours. Et le courage, aussi (vu le nombre de daubes déprimantes que je vais devoir me farcir ces prochains jours - motivation goes down).