ou : une petite analyse polie et succincte de la bande originale-music-from-the-motion-picture du Tintin de Spielberg, vu par John Williams
ou : vivement Tintin !²

- The Adventures of Tintin : Du swing au clavecin. Du Williams jazzy comme on en avait pas entendu depuis l'exceptionnelle BO de Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban. Quant au clavecin, il vient sûrement du bazar des frères Loiseau, découvert derrière un mur à la fin du Secret de la Licorne...
- Snowy’s Theme : On se rappelle que le thème le plus célèbre des Harry Potter s’appelle Hedwig’s Theme, c’est-à-dire que Williams met ses meilleures armes dans la composition dédiée au sidekick animal. Résultat ? Quelques pitchs de Minority Report, et surtout beaucoup de coupures au piano. On dirait du Saint Saëns. Léger comme le thème du 3e Indiana Jones. Bonheur. Le piano évoque bien des notes blanches, pour le clavier : idée lumineuse pour incarner Snowy, ou Milou, le chien blanc comme neige. Qui introduit quand-même des solos à la Schönberg en plein milieu de l’ensemble symphonique.
- The Secret of the Scrolls : Plus sombre, mais toujours léger. Harry Potter 3, toujours. On songe aussi au thème du Batman de Danny Elfman, au début (je crois qu'il s'agit en fait du thème de Haddock).
- Introducing the Thompsons/Snowy’s Chase : Arrivée de l’accordéon avec les Dupont. Toujours un jeu sur les pizzicati en tapis de cordes et une petit mélodie sautillante qui évoque certains passages de Minority Report, en particulier le moment où Tom Cruise court après son œil. Le piano revient, assez nouveau chez Williams, et donne un vrai côté Saint Saëns, on le répète ; Carnaval des Animaux à fond. Dès que les cuivres reviennent, on quitte Minority Report pour retourner chez Harry Potter. Et ces cordes ! C’est Indiana Jones et la Dernière Croisade ! Voilà une bande-originale extrêmement riche. Pour la première fois depuis longtemps – et beaucoup plus, paradoxalement, que sur Indiana Jones 4, qui était encore très influencé par les scores très sombres de Munich et de La Guerre de Mondes – Williams renoue avec le jazz et la légèreté qui avait un peu disparu depuis Minority Report.
- Marlinspike Hall (Marlinspike = Moulinsart) : Toujours pas de vrai grand thème. De la musique libre. Comme un score improvisé face à l’écran, vraiment. Cinéma des débuts. Spielberg aussi joue au muet ; contrairement à ce que l’on serait tenté de faire, il ne faut pas opposer The Artist et Tintin ! Pas de thème, c’était le truc de La Guerre des Mondes. Attendons.
- Escape from the Karaboudjan : Des moments de Jurassic Park ici ! Grande scène de poursuite, timbales, cuivres ominents, tout est là.
- Sir Francis and the Unicorn : Entrée un peu mystique, façon Minority Report, encore un peu de Batman, et puis ça devient sérieux ! Musique de la bande-annonce ! C’est là ! C’est le thème aventureux, le vrai grand thème, le voilà ! Et qu’est-ce que ça donne ! Sublime ! Grandiose ! On se croirait soudain dans Star Wars !
- Captain Haddock takes the oars : Moment de pause. Morceau plus calme, plus lent. Un pont.
- Red Rackham’s curse and the treasure : Le plus long morceau, 6 minutes 10, passe du cartoon au film à grand spectacle toutes les trois mesures. Grosse citation d’Indiana Jones et la Dernière Croisade à la fin.
- Capturing Mr.Silk : Piano, accordéon, tout est là. On se croirait au théâtre. Le mot que je cherche est « ludique ».
- The Flight to Bagghar : Cette musique est constamment au taquet. Le film doit être un enchaînement de scènes d’action, de mouvements, continu. Des morceaux aussi vifs, même sur Indiana Jones 4 il n’y en avait pas plus de 5 ou 6. Là, il n’y a que ça, quasiment.
- The Milanese Nightingale : Introduction de la Castafiore. Et moment Ratatouille (d’ailleurs, le seul compositeur susceptible de prendre la suite de Williams pour Spielberg un jour est, à mes yeux, Michael Giacchino ; ce n’est pas un hasard s’il est le compositeur de Ratatouille, et surtout de Super 8, le film-Spielberg d’Abrams sorti cet été.) Il y a toujours un moment, dans les John Williams, où il imite d’un coup d’un seul un autre genre de musique. Comédie musicale dans Le Temple Maudit, musique péruvienne dans Indy 4, musique médiévale dans Harry Potter 3… Là on est en plein music-hall. Rappelle le marivaudage d’Indy dans Le Temple Maudit, justement.
- Presenting Bianca Castafiore : Voilà. Rossini et Gounod dirigés par John Williams, et Renée Fleming qui fait le clown en Castafiore. Bonheur. Plus une bruyante surprise en fin de morceau !
- The Pursuit of the Falcon : Voici venir un nouveau morceau de bravoure ! Le deuxième après le 9 ! Transition géniale, sur les 15 premières secondes, de Gounod à Williams, qui repart de plus belle, et à la flûte traversière (instrument majeur de Harry Potter 3). Ces deux scores servant clairement de matière première à Williams, Indiana Jones 3 vient donc juste après : on s’attend à entendre (à voir !) le Scherzo pour Motorcycle et Orchestra commencer à tout moment (il y a d’ailleurs dans le film une scène de side-car, comme dans La Dernière Croisade). Finalement, c’est une scène d’action très Indiana Jones qui prend le pas, pour s’achever sur un finale grandiose. Evidemment.
- The Captains counsel : Nouvelle pause. Morceau lent, noble. A 1 minute 19, l’impression que Williams cite le générique du dessin animé Tintin.
- The Clash of the Cranes : Troisième assaut du Général Williams. Au bout d’une minute, le thème est rejoué de manière martiale, comme on l’aime chez Williams, grand compositeur de marches militaires (chef-d'œuvre ici). On nage en plein Mahler (quel pied). Et puis aussitôt, ça s’élève et ça brille, on dirait de la science-fiction.
- The Return to Marlinspike/Finale : L’action s’apaise, malgré un début qui ressemble à un générique. Le piano derrière, c’est toujours Milou. La dernière fois qu’on en avait entendu, c’était dans La Guerre des Mondes. Mais c’était un piano sinistre, morbide. Ici, c’est son revers joyeux.
- The Adventure continues : Début de générique à la Mission : Impossible ! Et puis, le thème à nouveau, joueur, amusant, comme celui des Aventures de Mutt sur Indiana Jones 4. Et Tintin est en effet à nouveau ce jeune aventurier, Mutt Williams coiffé autrement et toujours accompagné d’un vieux grognon, Haddock en Indy. Comme tout le monde aime le dire bêtement à chaque nouveau film de Spielberg : tout cela est très spielbergien.
Le verdict est sans appel : WELL DONE AGAIN, DEAR JOHN !
Camille.
P.S. : Troisième post successif autour de Tintin. I know. Pourtant j'aime autant vous prévenir, malgré toute cette impatience, je ne posterai rien sur le film lui-même le jour de sa sortie, ni dans les jours qui suivront. Parce que c'est les vacances !