Hot shots - Juin 2012 - Part one
Remboursez ! : Prometheus, de Ridley Scott
Contrairement à ce qui avait été annoncé, il n'y a rien du tout à voir ici. Demi-tour.
Camille vous dirait que non, vraiment non, c'est pas si mal. Moi, j'en suis encore consternée. Peut-être ai-je le tort d'aimer la saga (1-2-3, Scott-Cameron-Fincher, pas de 4, quel 4 ?) au point de me construire des attentes démesurées. On nous l'avait vendu comme une genèse : il me semblait normal d'attendre une philosophie, ou un poème. Une exégèse à rebours. C'est un film d'action sans âme, mal pensé et mal construit autour de quelques beaux fantasmes d'images, grossièrement liés par les vieux schèmes des opus précédents. La femme enceinte du monstre, le cyborg a-t-il-une-âme-ou-non qui finit en tête parlante : si peu renouvelés, ces vieux schèmes, qu'on a bien l'impression d'être pris pour des imbéciles.
A sauver : Noomi Rapace. Une petite chose adorable de naturel au milieu de cet Hollywood crispé, Charlize toute constipée dans ses pyjamas en latex, et le merveilleux Michael Fassbender lui-même, parfaitement égaré dans un rôle mal écrit, sentant l'encaustique et la poussière.
A applaudir : les concepteurs d'effets spéciaux chargés des créatures, qui sont les SEULS à avoir bossé leur Giger. De bestiole en kraken, ils reconstituent par fragments l'aventure génétique qui mène à l'alien des grandes heures, bien avant 2012. De fins détails, des idées jolies et tordues comme les scientifiques fous ou les spécialistes de langues mortes peuvent en avoir : dans toute cette sordide affaire, les seuls imagineurs, les seuls bons élèves, et les seuls gens honnêtes. Genèse il y a, mais muette, et visible uniquement pour ceux qui connaissent tout d'Alien, du temps où c'était fort et beau.
Bof : Jitters de Baldvin Z + Une éducation norvégienne de Jens Lien
Être ou ne pas être...
...fuck that question !
Deux films sur l'adolescence qui ressemblent à des films sur l'adolescence. Ni mauvais, ni bons, bien joués. Dans le premier, un très joli Gabriel qui se demande s'il préfère vraiment les hommes, si c'est mal, si ça se fait. Dans le second, un Nikolaj tout joufflu, fils de hippies qui devient punk pour changer, et se fait des piercings sauvages à l'épingle à nourrice.
Deux ambitions différentes : une boisson mélancolique pour jeunes poètes, et un cocktail multivitaminé incisif sous ses airs benêts. Un seul problème : la forme, définie au fil du temps jusqu'à la sclérose, à coups de gimmicks éventés, à la musique et à l'image. Pour les cinéastes d'adolescence plus encore que pour les autres, c'est une urgence criante : il faut tuer les codes, tuer père et mère, se vautrer dans le sang avec un grand sourire infâme, et reconstruire après.
Après tout... : Ce qui vous attend si vous attendez un enfant, de Kirk Jones
Après le bisou-papillon et le bisou-esquimau, le bisou-polichinelle-dans-le-tiroir.
J'avais tout prévu : le bandeau occultant pour dormir, les boules quiès, le casse-croûte, la peluche, la couverture, des magazines, de l'eau, des mouchoirs, du Lexomil. Mais somme toute, ça se laisse regarder. C'est encore une question d'honnêteté finalement : Ridley Scott, prends-en de la graine, ceci est un film honnête, oui oui oui. Un film qui vous donne exactement ce que vous vous attendiez à recevoir, dans un paquet bien emballé, et avec la formule de circonstance. Le casting que vous vouliez dans les rôles que vous vouliez. Qui vous réchauffe des blagues tièdes avec un gentil sourire contrit. Et surtout, un film avec Anna Kendrick et Jennifer Lopez. La première, vous savez que je l'aime. La seconde, c'est en voyant ce film que j'ai compris : vous ne me feriez pas écouter un de ses albums en entier pour une douzaine de bébés chats avec un ruban rose autour du cou. Mais à l'écran, elle est adorable.
... à suivre : le très très bon du mois de juin. Stay tuned !
Noémie
3 commentaires:
Des fantasmes d'image. Ta formulation est belle. Ce qu'elle désigne aussi. Y a-t-il franchement quoi que ce soit de plus à attendre d'Hollywood ? ... De la vie ?
Merci, mélancolique anonyme nocturne, pour ce gentil compliment. Et comme j'ai conjuré le mal en revoyant l'un des vrais grands films de Ridley Scott, je répondrai à ta mélancolie par ce petit aphorisme : "It's a dream... a frightful dream... life is...".
Great post, thankyou
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