Ambiance Hélène et les Garçons, surtout. Enfin il y a quelques jolies choses.
Après, il faut savoir que le film ne réserve aucune surprise. Aucune.
...Vraiment comme Avengers, en fait.
Mouais.
C.
"OH-MY-GOD ! You want to steal Scarlett Johansson ?" (St Trinian's)
Jennifer Lawrence en Cléopâtre. Elle est très belle, oui. |
still a better love story than twilight |
non, cette nouvelle interface de blogspot ne me servira pas à mettre des légendes stupides sous toutes les photos |
Free mugs |
un côté king kong de 33 à ce plan, quand les acteurs étaient filmés devant un écran sur lequel on projetait les effets spéciaux. |
Brooklyn Decker dans le film |
Brooklyn Decker dans la vraie vie |
... |
oui, Legolas, c'est ce qu'on appelle une bonne grosse diversion |
Kassovitz et Annaud étaient les rois du pétrole en 1995 et 15 ans plus tard, voilà qu'ils raclent le bitume avec leurs incisives. Pourquoi ? Pas la moindre idée. Ce qui est sûr, c'est que leurs derniers films se ressemblent et partagent une même ambition démesurée : faire du David Lean et du Ridley Scott pour Annaud (cavalerie + poussière) ; faire du Spielberg et du Coppola pour Kasso (fusillades en plans-séquence + hélicoptères). Se rapprocher du cinéma américain implique une naïveté qui explique peut-être que le public ne les ait pas suivis. Les deux films peuvent être lus comme des fables politiques (je n'aime pas ce mot, mais je crois qu'on peut l'employer ici) - ils peuvent surtout être vus comme d'assez bons films à grand spectacle, du genre de ceux que les Français ne font jamais.
Je parle ici des deux films dans les trois premiers paragraphes, puis le texte fait des allées et venues assez fastidieuses de l'un à l'autre, pardon d'avance. Oh, et, je n'ai pas de conclusion. M'en voulez pas.
* * *
1. ÉPOPÉE DU BIDON D'ESSENCE
Or Noir raconte le début du commerce de l'essence, le commencement de l'exploitation des terres appartenant à deux émirs archaïques, au début du XXe siècle. Annaud a carrément fait appel à James Horner pour composer la musique de son épopée dans laquelle une armée techniquement plus avancée perd face à une alliance entre peuplades indigènes. Oui, oui, comme Avatar. Mais James Horner est le compositeur d'Avatar.
Kassovitz, lui, s'est offert les services de ces bons vieux Tambours du Bronx. L'Ordre et la Morale ne se déroule pas seulement sur l'île d'Ouvéa, dans une caverne où des otages furent retenus pendant l'entre deux-tours des présidentielles de 88 : les coups métalliques qui accompagnent les hélicoptères apocalyptiques de Kasso renvoient à autre chose qu'à des coups du destins, ils suggèrent qu'Ouvéa est un bidon clos sur lequel frappent insensément des forces supérieures. Et que ce bidon, ultimement, est voué à être vendu.
Par qui ? Ben par les descendants des personnages d'Or Noir, pardi. Or Noir et L'Ordre et la Morale sont les deux volets d'une seule et même épopée du bidon.
2. HISTOIRE DU CAPITALISME
Or par ces temps désolés, vendre, c'est échouer. Ce ne sont pas les dollars de son producteur milliardaire Tarak Ben Ammar qui ôteront d'Or Noir la mine sombre du personnage de Mark Strong lorsqu'il songe à vendre ses terres à un Texan. Il y a chez Annaud une sorte d'humour caché sous le sable, de complexité qui ne s'avoue pas - le film veut faire simple (comme tous les Annaud) mais le problème des sirènes du capitalisme y est posé de manière plus détournée que chez Kassovitz, où le camp des méchants est clairement défini, lors d'un monologue dans lequel le réalisateur prend parti pour Alphonse, chef kanak que les cités-dortoirs parisiennes dégoûtent.
Mais Kassovitz est un idéaliste, un pirate ; élève du système, Annaud est obligé de se montrer plus poli avec son richissime producteur. Or Noir se termine sur un monde transformé en argent, celui-là même contre lequel se révoltent les preneurs d'otages depuis leur grotte en Nouvelle-Calédonie.
3. LES MAINS SALES
Tout cela a l'air cynique, et l'est un peu. Rien ne prime jamais autant, toutefois, que le goût du cinéma, qui prime sur toute idéologie. Plus résigné, moins hargneux, le film d'Annaud est techniquement plus serein que celui de Kasso, incendiaire, chassant la trouvaille à la moindre seconde, quitte à emprunter aux effets sonores de la Nouvelle Vague. Chez Annaud, une image suffit à faire un plan. Fumée noire, sable jaune, ciel bleu ; une caresse du pouce sur la peau poussiéreuse d'un maître noir sorti d'une geôle : Or Noir connaît d'exceptionnelles poussées de lyrisme. Kassovitz ne se contente pas de lignes et de couleurs, il lui faut du mouvement, du tonnerre. Non pas une caresse du pouce sur une main, mais des dizaines de visages kanaks, autant de maîtres noirs, acteurs amateurs habités dont les mains menottées, comme chez Annaud, sont sorties du contexte du conte et réintroduites dans le réel. Rechargées politiquement (décidément... ça doit être les programmes des élections 2012 posés à côté de moi.)
* * *
4. UN TRAVELLING BIEN FAIT (L'Ordre et la Morale)
On peine à croire qu'Annaud se soit plus soucié de questionner la transition d'une civilisation tribale à une civilisation du commerce, que de filmer une charge de chevaux sous un ciel enfumé, entouré de dunes à perte de vue - de filmer sa traditionnelle scène de sexe à l'arrière d'une voiture de luxe. De même, si l'on sait l'engagement de Kasso depuis La Haine, on sait aussi l'amour du travelling bien fait qui reste le sien. L'Ordre et la Morale fait un joli paradoxe de sa scène la plus excitante, mêlant guerre et cinéma dans un même geste - mais oui ! : je veux parler du FAMEUX plan-séquence de l'assaut final, dans lequel Kassovitz, commandant et réalisateur, dirige à la fois ses soldats et ses techniciens. Échec diplomatique mais réussite cinématographique. On y a l'impression tenace que Kasso dirige le caméraman par télépathie tandis qu'il hurle des ordres aux autres personnages. Fascinant et, surtout, très culotté. Je vous rappelle que nous sommes ici dans le cadre d'un film français.
5. NÉGOCIER (L'Ordre et la Morale)
Là où le film rejoint son sujet, c'est qu'il est un échec lui-même. Trois semaines après sa sortie, L'Ordre et la Morale ne passait plus que dans trois salles parisiennes. Fucking Matthieu Kassovitz, le making-of du ratage si complet qu'il en devient poétique de Babylon A.D., raconte comment les négociations du Français échouèrent avec Hollywood. Diffusé sur Dailymotion le jour de la sortie de L'Ordre et la Morale, le documentaire, ode à l'amour tragique du cinéma américain, préparait le diptyque de l'échec qui était sur le point d'être complété.
Le désir de négocier était déjà au cœur de La Haine, dialogue tendu entre Paris et la banlieue. Protégé par son noir et blanc virtuose, Kasso ne prenait pas le risque inhérent à celui du métier de négociateur : celui de finir trop près, aspiré par ce qu'il essaie de comprendre au point de ne plus reconnaître son camp - ce que raconte L'Ordre et la Morale, lorsque la caméra se rapproche des yeux de Mitterrand et de Chirac à la télé jusqu'à ce qu'il soit impossible de les différencier l'un et l'autre.
6. LE MOU ET LE DUR (Or Noir)
L'Ordre et la Morale dresse le portrait d'hommes qui refusent de devenir négociants, préfèrent rester négociateurs. Je me suis souvenu de la différence, il n'y a pas longtemps. Dans Or Noir, même histoire de négociation - sauf que tous les personnages finissent négociants en pétrole. Le personnage de Tahar Rahim négocie d'abord la vie de ses hommes, et le film s'achève sur Banderas parti négocier au Texas. Toutes ces histoires de négociation sont à l'origine de la caractéristique principal au film : il est mou. Beaucoup plus mou que celui de Kassovitz, qui est enflammé. Voilà : répartitions des figures du Mou et du Dur dans Or Noir et L'Ordre et la Morale, vous avez six heures. Allez, allez.
7. MALÉDICTION DU PLAN SUBJECTIF (Or Noir)
J'en profite pour mentionner le gros défaut des films d'Annaud, le plan subjectif. Une plaie, ce truc. Est-ce que David Lean faisait des plans subjectifs ? Chez Annaud, en plus d'être l'élement majeur de la dimension cheap qui émaille tous ses films, même les plus chers, il constitue l'identification bidon par excellence. Il est, par exemple, au cœur de l'illusion qui consiste, dans L'Ours, dans Deux Frères, à s'imaginer que l'on regarde à travers les yeux d'un animal, alors que ce dernier n'est qu'une caricature d'homme en animal. La princesse incarnée par Freida Pinto dans Or Noir n'est jamais aussi peu présente à l'écran que lorsque la caméra fait mine d'épouser son point de vue, derrière les fenêtre du harem.
8. PLANS D'APPROCHE (L'Ordre et la Morale)
Kasso se garde bien de ne faire qu'un avec l'Autre. Zéro plan subjectifs chez lui (détrompez-moi). Le Kanak reste toujours une énigme pour Philippe Legorjus, qui n'en finit pas de se poser des questions. En lieu et place de plans faussement identificateurs, deux plans-séquence qui sont deux scènes d'approche - d'approche vouée à l'échec. D'abord une update du flash-back de La Haine, où le narrateur d'une histoire se retrouve au beau milieu de la scène qu'il décrit (-->approche du passé); ensuite, ce fameux plan-séquence suivant l'approche, et l'assaut, de la grotte.
Souvenez-vous, je n'ai pas de conclusion. Le principal, c'est que vous jetiez un coup d’œil à ces deux films, bien plus intéressants que The Artist et Intouchables réunis. Tout ce pataquès autour de Kassovitz, ça m'a donné envie d'acheter son DVD à la Fnac (je vous rassure, je ne le ferai pas. A tous les coups il sera en occase à Gibert en moins de deux... pfff.)
Camille.
Et l’écran est si grand, si grand. Le regard monte autant qu’il descend pour capter toute l’image. Les scènes labyrinthiques des poursuites dans les coursives inondées sont évidemment exploitées au maximum de leurs potentialités. Sublime 3D, hypnotisante 3D, oppressante 3D. Mais là où c’est génial, c’est quand l’eau occupe tout le tiers inférieur de l’image, et s’enfonce dans l’écran jusqu’à son centre : parce qu’on a véritablement l’impression qu’en baissant les yeux on regarde un immense bassin qui s’étend là, juste devant la balustrade du cinéma.
Et puis le deuxième soir, le public est au taquet. S’il peut être agaçant de retrouver des affiches de films nous rappelant notre adolescence dans les rues, le plaisir de revoir un film qu’on connaît par cœur est de ceux qu’on aurait tort de bouder. Première salve d’applaudissements pour le logo 20th Century Fox. Cris de joie et éclats de rire lors du finale de la séquence du baiser à la proue du bateau (et fondu enchaîné). Eclats de rire et applaudissements lors de la main collée contre la buée. Silence total lors du dernier échange entre Jack et Rose. Applaudissements lors du dernier baiser, à la toute fin. Et au nom du réalisateur.
Titanic au Grand Rex, c’est surtout une poignée de plans absolument fascinants. On voudrait pouvoir arrêter l’image et la regarder comme on s’arrête devant les Noces de Cana de Véronèse au Louvre, sous la Chapelle Sixtine. Gigantisme. Ce fameux plan des trois hélices et de la poupe couleur de bronze qui s’élève au-dessus des naufragés dans l’eau noire. Immense. Immense. Celui du cadavre devenu gigantesque, gigantesque, et qui flotte sous la coupole éclatée, submergée. Qui flotte vraiment devant nous, fantôme géant. Parce que la 3D est parfaite. Que ce corps est immense et qu’il flotte, comment dire, pas sur l’écran mais vraiment devant nous, et il fait bien 10 mètres de long, et derrière il y a cette lumière étrange qui filtre à travers l’eau et le verre brisé. Fascinant. Sublime.
Bonheur.
P.S. Et non, contrairement à Lucas, Cameron n’a rien retouché aux effets spéciaux de l’époque, les figurants numériques continuent de marcher comme des automates. Cela ne pose aucun problème, pas plus que l’image floue par moments. Même la luminosité semble rigoureusement la même que sur le DVD, en dépit des lunettes. C’est le pied intégral. Vous n’avez pas idée.